Les combats faisaient rage hier autour des villes stratégiques ukrainiennes dans l'Est séparatiste prorusse à quelques heures de l'entrée en vigueur d'un nouveau cessez-le-feu qui semblait de plus en plus fragile, Moscou accusant déjà Kiev de "déformer" le contenu des accords de Minsk. Signe d'une inquiétude croissante, le président Petro Porochenko a annoncé qu'il allait s'entretenir hier avant le cessez-le-feu prévu à 22H00 GMT avec le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, parrains du dernier accord de paix signé à Minsk, et puis avec le président américain Barack Obama. De son côté, la Russie a fait part de sa "préoccupation" et a d'ores et déjà accusé Kiev et les Occidentaux de "déformer le contenu des accords de Minsk". Un responsable régional pro-Kiev a estimé que les rebelles étaient en train de "détruire" Debaltseve, noeud ferroviaire situé à mi-chemin entre les capitales séparatistes prorusse de Donetsk et de Lougansk où les forces ukrainiennes sont quasiment encerclées. L'armée ukrainienne a fait état hier matin d'une "tentative d'assaut rebelle avec des lance-roquettes multiples et des chars" contre ses positions près de Debaltseve. L'ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt, a écrit hier sur son compte Twitter qu'il s'agissait de systèmes "russes et non séparatistes" près de Debaltseve y compris des systèmes de défense anti-aérienne ce que Moscou a démenti. Au moins 14 personnes- huit militaires ukrainiens et six civils ont été tuées au cours des dernières 24 heures contre 28 la veille. Chose rare, le centre de bastion rebelle de Donetsk a été bombardé hier tuant deux civils, un homme et une femme. Les obus sont tombés à proximité de la résidence du dirigeant de la république séparatiste de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko. Les combats se sont aussi intensifiés hier aux environs du port stratégique de Marioupol sur les bords de la mer d'Azov où un civil a été tué. L'armée ukrainienne a repéré 14 vols de drones ennemis principalement en direction de Marioupol, a indiqué le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko. Les volontaires du régiment Azov qui défendent le secteur ont annoncé que la localité Chirokiné à 10 km de Marioupol avait été "pratiquement détruite au cours d'un combat d'artillerie" après une attaque "de l'ennemi" qui utilisait des chars. La prise de Marioupol serait une étape clé pour établir un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, péninsule ukrainienne annexée en mars. La veille, les violences ont fait au moins 28 morts dans l'Est poussant le président ukrainien Petro Porochenko à reconnaître que le processus de paix, après dix mois d'un conflit qui a fait quelque 5.500 morts, "était en grand danger" alors que "l'opération offensive de la Russie a significativement augmenté". Il a une nouvelle fois brandi hier la menace d'introduire la loi martiale sur tout le territoire de l'Ukraine en cas d'échec du processus de paix. Les dirigeants des sept plus grandes puissances économiques mondiales (G7, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume Uni, Etats-Unis) ont appelé au "strict respect" des accords et se sont dits "prêts à adopter" des sanctions contre ceux qui violeraient cet accord. De son côté, la porte-parole du département d'Etat américain, Jennifer Psaki, a accusé Moscou de continuer à déployer des armes lourdes dans l'est de l'Ukraine, se disant très préoccupée par "les informations concernant des chars et des systèmes de missiles supplémentaires venus ces derniers jours de Russie". Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait quant à lui adopter dimanche une résolution appelant à "appliquer pleinement" le cessez-le-feu conclu à la suite des négociations à Minsk.