La crise que vit depuis quelque temps le secteur de l'ingénierie en Tunisie a connu de nouveaux développements préoccupants. Les ingénieurs ont décidé d'observer une grève générale les 23, 24 et 25 février 2015, et ce à l'appel du syndicat national des ingénieurs tunisiens. Leur débrayage intervient alors que les élèves des écoles nationales d'ingénieurs, c'est-à-dire les écoles publiques d'ingénieurs, observent une grève ouverte des cours depuis le 5 janvier 2015. Le président du syndicat national des ingénieurs tunisiens, Fakhréddine Ben Khalifa, a indiqué, lors d'un point de presse tenu hier, au siège du syndicat national des journalistes tunisiens, à Tunis, que cette grève des ingénieurs a été décidée, comme moyen de pression, en vue d'obtenir la satisfaction d'un ensemble de revendications dont notamment l'amélioration du salaire des ingénieurs dans les secteurs public et privé, la généralisation de la prime d'ingénieur, outre la révision des lois organisant la profession et le secteur qui sont vieilles et ne répondent plus aux exigences du nouveau contexte. Le syndicat demande, également, la réforme des études d'ingénieurs qui rencontrent plusieurs problèmes, à part quelques écoles prestigieuses. Fakhreddine Ben Khalifa a exprimé le soutien du syndicat aux revendications des étudiants des écoles nationales d'ingénieurs, signalant qu'un accord avait été conclu entre les représentants des étudiants et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique stipulant notamment l'adoption du concours national d'entrée aux écoles d'ingénieurs pour touts les établissements spécialisés dans la formation des ingénieurs, publics et privés. Réticence des autorités Le président du syndicat a fait remarquer que le bureau exécutif du syndicat national des ingénieurs tunisiens n'a pas constaté une disposition réelle chez les autorités pour satisfaire ces revendications et pour assurer la promotion du secteur de l'ingénierie et de la place des ingénieurs, en général, déplorant la marginalisation continue de ce secteur malgré son rôle stratégique dans la réalisation du développement global du pays. Il a signalé l'augmentation du taux de chômage dans les rangs des nouveaux ingénieurs, taux qui varie, a-t-il dit, entre 15 et 20% et touche toutes les spécialités, ce qui commande aux autorités l'adoption de mesures urgentes afin de résorber ce chômage. S'agissant de la grève des élèves des écoles nationales d'ingénieurs, il a insisté sur la nécessité de régler, au plus vite, les problèmes, en œuvrant à trouver des solutions de compromis propres à satisfaire les deux parties, car la grève s'est prolongée. De son côté, Aymen Attia, membre du bureau exécutif, a insisté sur la détérioration de la situation matérielle des ingénieurs dans les secteurs public et privé, notant qu'elle est préoccupante dans le secteur privé, principalement, car le salaire mensuel de l'ingénieur dans le secteur privé ne dépasse pas, parfois, les 300 et 400 dinars , ce qui nécessite la révision des textes régissant le secteur.