Si le gouvernement de Mehdi Jomaâ nous a appris quelque-chose, c'est bien l'importance de la communication en politique. Personne ne peut oublier les maintes campagnes lancées, entre autres et surtout, par l'ancienne ministre du Tourisme, Amel Karboul. De ses poses en ‘selfie', en passant par ses visites thématiques aux différentes régions de la Tunisie, en arrivant à ses vidéos où elle faisait la campagne publicitaire pour les touristes canadiens et américains, Amel Karboul avait provoqué la polémique dans le pays tout en atteignant son objectif : on ne parlait que d'elle, on ne parlait que du terrorisme. Mehdi Jomaâ s'est lui aussi essayé à cet exercice. On l'aura vu en train de manger des petits sandwiches dans des quartiers populaires, en train de faire les courses avec sa femme et ses enfants dans une grande surface, ou encore en train de saluer les unités de l'Armée nationale sur terrain au lendemain d'une opération terroriste. Cette stratégie de communication a été suivie par l'équipe Jomaâ jusqu'au jour de la passation. Après la cérémonie du palais de Carthage, Mehdi Jomaâ et ses ministres s'étaient rendus dans un restaurant du quartier où ils avaient dîné tranquillement. La photo dudit dîner avait fait le tour des réseaux sociaux. Elle a été interprétée en tant que bon signe du commencement de la vie démocratique en Tunisie. Une première dans notre pays de voir des ministres partants célébrer leur départ. A l'avènement du gouvernement d'Habib Essid, on croyait que la communication allait baisser au profit du travail bureaucratique. Mais cela n'a pas été le cas. Malgré les conseils ministériels, les travaux pour suivre les dossiers et les projets de loi mis en place par la nouvelle équipe gouvernementale, cette dernière a trouvé le moyen de laisser du temps pour la communication. Le ministre de l'Education nationale, Néji Jalloul, a fait plusieurs visites dans des écoles pour évaluer la situation sur terrain. A sa visite dans une école de la ville de Bizerte, le ministre avait déclaré qu'il mettrait en place une cellule de psychologues pour qu'ils soient à l'écoute des élèves et pour qu'ils contribuent à stopper le phénomène du suicide dans les écoles. Au lendemain de l'incident survenu dans un collège de la capitale – où des individus ont tenté d'incendier le bâtiment – Néji Jalloul s'était rendu sur place et avait organisé une rencontre directe avec les élèves. De son côté, le ministre des Technologies de la communication et de l'Economie numérique, Nooemen Fehri, a choisi les réseaux sociaux pour faire sa communication. En effet, à la fin de chaque journée, le ministre publie l'intégralité de ses activités sur sa page officielle Facebook. Le ministre de l'Intérieur fait quant à lui des visites quotidiennes à des postes policiers et à des centres de détention. Suite à ces visites, Najem Gharssali établit un état des lieux et met en place les initiatives en ordre de priorité. Pour sa part, le chef du gouvernement, Habib Essid, a choisi lui aussi d'être sur le terrain. Cette semaine, Essid a choisi de se déplacer pour visiter une école située à Jendouba où il a salué le drapeau national en la présence des élèves. Il s'est aussi rendu dans la région de Fernena où il a été à l'écoute des citoyens en direct. Au lendemain du décès du petit Hamma Hamma, Essid s'est rendu au domicile de ce dernier afin d'apporter de l'aide à la famille du défunt. Par ailleurs, lors d'une rencontre avec les gouverneurs et les délégués, le chef du gouvernement a appelé ces derniers à suivre la même voie et à sortir de leurs bureaux pour se rendre sur le terrain. Cette stratégie de proximité avec le citoyen est, jusqu'à présent, bien appréciée. Cette technique de communication ne peut que faciliter le travail des nouveaux ministres tout en leur donnant la possibilité d'être visibles en évitant les médias (parce que les apparitions médiatiques des ministres sont mal perçues depuis l'expérience des gouvernements de la Troïka), mais, parce qu'il y a toujours un mais, il ne faut pas que cela devienne le seul axe de travail de l'équipe Essid. Un excédent de ce genre d'activités peut donner une mauvaise impression à l'opinion publique qui s'impatiente de commencer à sentir les résultats concrets du travail du nouveau gouvernement. Ce gouvernement qui, apparemment, a décidé de suivre les pas de l'équipe qui l'a précédé en se défaisant du côté bling-bling de leur communication.