Les métiers ont-ils un sexe ? Qu'est-ce qu'un métier d'homme ? C'est tout simplement un métier où les femmes ne sont pas toujours les bienvenues. Aujourd'hui, ces femmes revendiquent leur présence dans ces lieux autrefois réservés à la gent masculine peut-être par conviction, mais dans la majorité des cas par nécessité matérielle. Les Tunisiennes ne dérogent pas à la règle. Elles investissent des domaines «hostiles» même si la femme subit toujours la loi des préjugés négatifs qui lui sont associés. «Travailler avec des hommes, surtout des jeunes n'est pas toujours chose évidente. Il faut sans cesse leur prouver qu'on peut faire aussi bien qu'eux. Au début on nous teste, on essaye même de nous pousser à des erreurs. On nous fait faire deux fois plus qu'eux pour tester nos capacités», confie Saida, une serveuse dans un café de la capitale. Ces dits préjugés sont liés aux différences de culture, à l'éducation et à la classe sociale. A observer autour de nous on remarquerait, certes, que ces dernières années des changements se sont opérés au niveau des mentalités. La Tunisienne a commencé à déjouer ces pièges qui l'empêchaient d'investir des métiers d'hommes. Elles apprennent de mieux en mieux à «se vendre» et à «mieux s'imposer» dans un environnement à prédominance masculine. Le but étant de réaliser son autonomie financière qui s'avère être la principale motivation du travail chez les femmes. Femmes aux commandes Ces femmes taxiwomen, serveuses dans des cafés ou restaurants, commerçantes dans des marchés municipaux, voire des «maçonnes» deviennent de plus en plus nombreuses sous nos cieux. Si aujourd'hui elles ont pu se défaire des tabous, c'est notamment pour des besoins matériels qu'elles le font. Ces femmes travailleuses et tellement respectables sont généralement chefs de familles monoparentales ou sont contraintes à travailler pour aider un mari à revenus limités. Ces femmes sont obligées de mener leur travail de front avec leur vie de famille. Mais l'on retrouve aussi d'autres femmes qui occupent des postes de commandement autrefois réservés aux hommes. Elles sont ambassadrice, ministre, conductrice de gros engins en mer ou dans le ciel ou encore chefs d'entreprise. Ces femmes qui dirigent en talons aiguille consacrent l'idée qu'on se fait de la femme tunisienne moderne, aujourd'hui valorisée par l'évolution de notre société au niveau juridique et constitutionnel. Mais pour beaucoup, voir une femme en position de pouvoir n'est ni naturel, ni souhaitable, car pour eux, une femme qui impose son autorité sur les hommes relève parfois de la gageure. Les stéréotypes sur l'inaptitude de la femme à diriger et à décider ont la peau dure et les femmes se rendent souvent compte qu'elles ne sont pas toujours reconnues pour leur talent ou pour leur compétence, malgré leurs diplômes et leur expérience. Un constat : même si les femmes tunisiennes qui émergent dans les plus hautes sphères sont nombreuses, côté parité des carrières, il y a encore des combats à mener. La bataille continue. Mona BEN GAMRA Un profil type ? Ces femmes travailleuses qui investissent des métiers autrefois réservés aux hommes ne sont ni féministes, ni garçons manqués. Ce sont des filles audacieuses, ouvertes, capables de supporter des piques parfois inconscientes. Ces femmes affichent un caractère bien trempé et s'entendent souvent mieux avec des hommes. Il faut reconnaître, par ailleurs, nous dit Sonia Mahmoudi, universitaire que «les hommes et les femmes restent différents. Non pas dans leurs capacités mais dans leurs aspirations profondes. Les femmes sont plus humaines, communicatives, sensibles et rigoureuses quant au respect des règles de la propreté. Les hommes sont plus fonceurs, plus portés sur des objectifs à atteindre». Cela dit, dans le phénomène de la féminisation des métiers, notre société a tout à gagner. Autant l'encourager.