Un banal fait divers a pris des proportions démesurées à Sfax, déclenchant des réactions hostiles entre les corps des avocats et des sécuritaires. Le conflit risque même de s'amplifier et d'envenimer davantage les relations déjà tendues, quoique de façon latente, entre les deux parties, surtout que le syndicat des forces de sûreté intérieure accuse un groupe d'avocats d'avoir proféré des propos diffamatoires et outrageux envers le corps des sécuritaires lors du sit-in que les membres du groupe ont observé, hier vers le coup de 11 h, devant le siège du district de sûreté à Sfax. Son de cloche des avocats En effet, les avocats de Sfax ont observé hier matin, un sit-in de protestation sur fond d'une présumée agression perpétrée à l'encontre de l'une de leurs consœurs par des agents de sécurité. A quoi les sécuritaires s'inscrivent en faux considérant que les agents injustement incriminés sont en réalité les véritables victimes d'une agression commise par l'avocate en question. A signaler que l'appel du conseil régional de l'ordre des avocats à Sfax, quelques dizaines d'avocats se sont rassemblés hier matin à 9h devant le Palais de Justice. Selon Me Chafik Gdoura, président du conseil, le corps de la profession s'est mobilisé contre les actes d'agression physique et de séquestration injustifiée, perpétrés par des agents de police sur l'une de leurs consœurs. Dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion d'urgence tenue au siège du conseil, les avocats ont condamné ces actes ainsi que d'autres similaires visant des avocats et qui loin de représenter un cas isolé, « s'inscrivent dans une succession d'agressions commises par certains sécuritaires sur l'ensemble du corps des avocats » Le corps des hommes en robe, annonce, par la même occasion, l'engagement d'une procédure pénale par le conseil régional de l'ordre contre les agresseurs et demande aux autorités judiciaires compétentes l'émission de mandats à leur encontre. Tout en faisant porter la responsabilité, à ce propos, au laxisme des autorités qui a consacré l'impunité des agresseurs, le conseil régional de l'ordre des avocats à Sfax brandit la menace d'une escalade dans les formes de protestations à partir d'aujourd'hui, l'escalade pouvant culminer avec l'entrée en une grève ouverte, en cas d'absence de réaction de la part des autorités politiques. Son de cloche sécuritaire Pour leur part, les sécuritaires donnent une version aux antipodes . En effet, le porte-parole du syndicat des forces de sécurité intérieure, affirme qu'au contraire, c'est l'agent de police qui a été victime d'une agression physique de la part du frère de l'avocate en question en plus d'une agression verbale de la part de cette dernière. La même source rapporte en effet, que l'avocate en question, était venue intercéder en faveur de son frère, un chauffeur de camion qui venait d'être verbalisé par une patrouille de police pour contravention au code de la route, en l'occurrence, un défaut de carte grise. Toujours selon la même version, suite à des propos malveillants prononcés par la dame , le ton est monté entre les deux parties, ce à quoi son frère a réagi en agressant l'un des agents de la patrouille lui causant une blessure qui a nécessité trois points de suture. Dans un communiqué rendu public, les bureaux régionaux du syndicat national des forces de sécurité intérieures et de l'union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisiennes, après avoir dénoncé : « l'atteinte portée par un groupe d'avocats à la dignité des forces de sécurité à travers des slogans outrageux ainsi qu'à travers des propos orduriers en plus du crachat fait par un avocat visant les sécuritaires », les représentants desdits syndicats ont annoncé un sit-in de protestation, aujourd'hui, devant le siège du district de Sfax » Une source sécuritaire précise à ce propos : « Il n'était pas initialement dans notre intention d'organiser un sit-in, dans la mesure où nous avions reçu des messages de la part de nombreux grands avocats dénonçant l'attitude irresponsable du groupe d'avocats protestataires en sit-in, dont le nombre, d'ailleurs ne dépassait pas la quarantaine, mais vu le nouveau tournant pris par les événements surtout à la suite des propos diffamatoires dont nous avons fait l'objet, nous nous sommes trouvés dans l'obligation de réagir à travers le rassemblement décidé pour aujourd'hui»