Voilà, c'est fait. Ils viennent de nous frapper en plein cœur. Ces fameuses « cellules dormantes », ces hydres monstrueuses sans foi ni loi ont visé juste cette fois. Lâchement, traîtreusement, ayant sûrement préparé leur coup, sûrement ourdi leur sombre machination bien en amont, avant de se lancer. Avec un seul objectif : atteindre leur cible. Tirer dans le tas, tuer le plus de monde possible, surtout n'épargner personne... Autant se faire que peu. Ce n'était certainement pas le hasard qui avait conduit leurs pas du côté du musée du Bardo. Ça ne peut être le hasard. La prise de risque ? Lorsque l'on se croît du bon côté du manche, lorsque la machine infernale de tuer est enclenchée, lorsque la manipulation diabolico -idéologique a fini par accomplir son travail de sape, réduisant tout esprit de discernement, à néant, les Hommes se transforment en bêtes : ils veulent leur tribut de sang. Et ne s'embarrassent pas de détails. Un carnage. Voilà où ça nous a conduit, l'irruption de deux terroristes, dans un lieu culturel, où ils savaient pertinemment qu'il y aurait des visiteurs étrangers, issus de plusieurs pays, et c'était ce qui les intéressait. Afin que le désastre soit à la mesure de leurs noirs desseins. Afin que le coup soit porteur. Afin que le pays se mette enfin à genoux. Afin qu'ils gagnent la partie. Mais la partie n'est pas finie. La partie n'a pas été jouée à la loyale. Les dés étaient truqués d'avance. Il n'y a pas de hasard. Et parce que les dés étaient truqués, ils ont pu profiter de la faille, fût-t-elle infime, pour entrer par effraction. Et accomplir leur sale boulot... Le problème avec la vermine, c'est qu'elle essaime dans ce qu'il ya de plus fangeux, de plus nauséabond, de plus putride, en se vautrant, avec une jubilation extrême, dans tout terrain vaseux où pullulent les asticots qui en nourrissent toutes les ambitions. Etre du côté de la vie, ce n'est pas exactement ce que cherchent les terroristes de tous bords, toutes obédiences confondues. Ils sèment la mort sans aucun état d'âme, et lorsque l'on est dépourvue d'âme, lorsque l'on ne donne pas cher de la vie d'un être humain, on devient monstrueux. Et c'est terrible ! Parce qu'il n'y a plus de prise possible, plus d'aspérité à laquelle accrocher un quelconque espoir, plus de logique dans tout cela. Les terroristes viennent de franchir un pas de trop. Celui-là même qui conduit à une voie sans retour. Ils ont commis l'irréparable. Ils devront le payer. Et ceux qui ont pactisé avec eux en premier. Avons-nous baissé la garde ? Il faudra répondre à cette question. Et à bien d'autres.