Dans le cadre de son programme de portes ouvertes pour les journalistes, le ministère de la Défense nationale a organisé, dans la journée du mardi 7 avril 2015, une visite terrain à la zone militaire tampon située au niveau des frontières tuniso-libyennes. Une zone qui s'étend sur soixante-dix kilomètres et qui été fermée par décret de loi en août 2013. Embarqués à bord d'un avion militaire, nous avons atterri à l'aéroport de Djerba où un grand dispositif sécuritaire, Armée, Garde nationale et police, nous attendait pour nous escorter jusqu'à la zone militaire tampon. Un aéroport fantôme, vide de toute activité à part celle des agents de sécurité. Après avoir traversé les villes de Djerba et de Zarzis, le Sahara commençait à s'étendre et le trafic disparaissait petit à petit. Au bout d'une route serrée de quelques dizaines de kilomètres, on arrivait à la grande pancarte rouge avec l'inscription Zone militaire ampon. Des boucliers gardent ladite entrée avec des chars, des camions et des armes lourdes. Une fois arrivés sur place, BelhassenOuasleti, porte-parole du ministère de la Défense nous a fait entrer sous une grande tente où un exposé de l'unité spéciale 33 a eu lieu. Présenté par le colonel Mourad Mahdjoubi, l'exposé a porté sur les missions et la discipline de l'unité 33. Située à trente kilomètres de Ben Guerdane et à dix kilomètres des frontières tuniso-libyennes, la zone militaire tampon de la région MachedRaouk est un point de fouille assuré par les unités de la police, de la Garde nationale et de l'Armée. Ayant pour principale mission de protéger les frontières du pays, l'unité 33 a pour cible toute personne qui essaie de s'introduire sur le sol tunisien en détournant les passagers officiels. Le colonel a expliqué que la zone militaire Tampon est une sorte de bouclier de sécurité de tout le pays qui empêche toute tentative d'infiltration en direction de ou en provenance de la Libye en matière de contrebande et de terrorisme. « Lorsque les forces de l'ordre effectuent de grandes opérations sécuritaires aux hauteurs du pays, les terroristes se trouvent contraints de rejoindre la Libye, c'est là que nous agissons. Pour la contrebande, les opérations se font aussi dans les deux sens : il y a des contrebandiers qui tentent de faire introduire des produits tunisiens subventionnés en Libye afin de les revendre, cela nuit gravement à notre économie nationale, et les en empêcher fait aussi partie de notre mission. Cela sans parler bien-sûr du trafic d'armes, vous avez certainement dû entendre parler de nos dernières découvertes des dépôts d'armes au sud tunisien. » La zone militaire Tampon du sud dispose d'un arsenal d'armes lourdes afin de défendre les frontières. Des chars aux voitures blindées en passant par les avions et les bateaux spéciaux employés au niveau des frontières maritimes, cela sans parler bien-sûr des radars haute-technologie qui sont déployés sur toute la ceinture des frontières. Le colonel Mahdjoubi a assuré que, grâce à ces radars, plusieurs individus ont été arrêtés alors qu'ils essayaient de s'introduire en Tunisie via la mer. « Grâce à ces radars et autres technologies dont nous disposons, le ministère de la Défense nationale et celui de l'Intérieur suivent au détail près tous les mouvements qui ont lieu ici. En cas d'attaque de l'un de nos postes frontaliers, des unités des forces armées interviennent en moins d'une quinzaine de minutes. Des cellules spéciales s'occupent de la répartition desdites unités afin qu'il n'y ait aucun vide si quelques-unes de ces unités se trouvent dans l'obligation d'intervenir dans une zone bien déterminée. Grâce à notre système numérologique, tout ce qui se passe dans cette zone est retracé depuis Tunis à la lettre ». En revenant sur le terrain, les avions de l'unité 33 nous ont offert un défilé démontrant ainsi la précision et l'habileté des pilotes de l'Armée nationale. De retour en ville, nous avons pu visiter le club des lieutenants de l'Armée de Zarzis. Malheureusement, à notre arrivée sur les lieux, la nouvelle de l'opération terroriste de Sbeïtla, venait de tomber. Une nouvelle avec laquelle le porte-parole du ministère de la Défense nationale a traité dans l'immédiat en donnant l'information exacte ayant rectifié les premières données : l'attaque n'avait pas visé une caserne de la ville mais une patrouille militaire composée de deux voitures de l'Armée. Après quelques heures, le bilan de cinq morts et neuf blessés a été confirmé. Ce qui a retenu notre attention à l'arrivée de cette triste information, c'est la dignité des dirigeants de l'armée qui, tout en affichant leur deuil, ont tout-de-même tenu à poursuivre les activités de la visite. Une visite qui a pris fin à la tombée de la nuit à l'aéroport de Djerba.