Entamées fin février dernier, les négociations sociales dans le secteur public butent toujours sur le montant des augmentations salariales qui seront servis à près d'un million de fonctionnaires et salariés des entreprises publiques. Les positions restent divergentes à ce sujet entre le gouvernement et l'l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). On apprend dans ce cadre que le gouvernement vient d'améliorer légèrement sa proposition. Après avoir annoncé qu'il ne peut consentir que des augmentations de 30 dinars au titre de l'année 2014, l'exécutif a légèrement revu à la hausse ce montant, à 40 dinars, arguant notamment de la faiblesse de la croissance économique, de la faible productivité des salariés dans le secteur public et des fortes pressions sur les finances publiques. Les représentants du gouvernement au sein de la commission mixte chargée des négociations ont aussi rappelé que le déficit des caisses sociales a atteint aujourd'hui 1.100 millions de dinars et que le taux de chômage chez les diplômés du supérieur s'élève désormais à 32%. Après avoir réclamé des augmentations salariales de 15%, la centrale syndicale s'attache désormais à un taux minimal de 8%, soit 90 dinars. L'UGTT se base sur des études menées par des experts indépendants ont fait ressortir que l'érosion du pouvoir d'achat des salariés a atteint de 35% sous l'effet d'une inflation galopante, tout en rappelant que les fonctionnaires et les employés des entreprises publiques n'avaient pas bénéficié de majorations au titre de l'année 2013. Selon des sources syndicales, une rencontre au sommet entre le Chef du gouvernement, Habib Essid, et le secrétaire générale de la centrale syndicale, Hassine Abbassi, devrait se tenir dans les jours à venir pour tenter de rapprocher les points de vue entre les deux parties. L'espoir est d'autant plus permis que le Chef du gouvernement a annoncé tout récemment que des négociations sociales au titre des années 2015 et 2016 démarreront bientôt, indiquant que la prochaine étape commande de stopper la dégradation des conditions sociales. A noter dans ce cadre que la Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT), une organisation syndicale concurrente de l'UGTT, a appelé récemment à faire participer l'ensemble des organisations syndicales aux négociations sociales. Cette organisation syndicale créée au lendemain de la révolution par Habib Guiza, un ancien dirigeant de l'UGTT, a condamné la détérioration du pouvoir d'achat de la classe ouvrière, affirmant que les augmentations salariales anarchiques ne vont pas résoudre les problèmes mais risquent plutôt compliquer la situation si le gouvernement n'entamait pas dans des négociations sociales globales et responsables avec la participation de toutes les organisations syndicales. «Les négociations sociales doivent concerner la révision du code du travail, des statuts, des conventions collectives et du système de défense sociale outre l'amélioration du pouvoir d'achat des employés et des catégories démunies », a-t-elle souligné dans un communiqué. La CGTT a, par ailleurs, affirmé la nécessité de promulguer une réforme fiscale et de veiller à l'insertion du secteur informel dans le circuit économique, tout en veillant à améliorer les services sociaux, dont la protection sanitaire des travailleurs.