Le processus de création par l'ancien président de la République Moncef Marzouki d'un nouveau parti visant à servir de «bouclier contre le retour de la dictature» s'accélère. Un congrès préparatoire au lancement de ce parti baptisé «Harak Chaâb Al-Mouwatinine» (mouvement du peuple des citoyens) s'est tenu hier au Palais des Congrès à Tunis. Il a été question au cours de la rencontre de définir les contours de cette initiative lancée par l'ancien locataire de Carthage au lendemain de sa défaite au deuxième tour de la présidentielle face au leader du mouvement Nidaâ Tounes, Béji Caïd Essebsi. L'enjeu est de clarifier la nature de cette initiative, associative ou partisane, et son positionnement, car le mouvement du peuple des citoyens a connu un premier coup dur en mars dernier après la défection de quatre partis qui ont invoqué «la persistance de l'ambiguïté qui entoure l'initiative et ses perspectives politiques». Il s'agit du parti Réforme et Développement de Mohamed Goumani, du mouvement Wafa d'Abderraouf Ayadi, du mouvement national justice et développement de Mourad Rouissi et du Front du 17 décembre pour le développement, de Faouzi Saïdi. Marzouki et ses partisans devraient aussi s'efforcer à définir une plateforme politique capable de redynamiser l'élan populaire qui s'était créé autour de sa candidature à la présidentielle dans un cadre partisan et d'attirer les mécontents qui n'apprécient pas l'alliance nouée entre le mouvement Ennahdha et Nidaâ Tounes, en vue se positionner comme le leader de l'opposition. Selon les observateurs, la mission de l'ancien président de la République qui avait accédé au Palais de Carthage grâce à une alliance avec le mouvement islamiste Ennahdha sera d'autant plus difficile que tout un chacun sait que l'écrasante majorité des 1,3 million de personnes qui avaient voté pour M. Marzouki lors du deuxième tour de la présidentielle est constituée de sympathisants du parti de Rached Ghannouchi. Nouvelle coalition Le vrai poids véritable électoral de Moncef Marzouki est en effet apparu lors des législatives lorsque son parti n'a récolté que moins de 2% des suffrages. Côté discours et plateforme politique, l'ancien locataire du Palais de Carthage n'est pas le seul à se poser comme rempart contre le retour de l'ancien régime et garant du respect des libertés depuis la victoire de Béji Caïd Essebsi et de Nidaâ Tounes aux dernières joutes électorales. Sept partis de la mouvance social-démocrate qui ont décidé de faire front commun affichent en effet l'ambition de représenter une alternative à même de répondre aux attentes populaires et d'empêcher le retour de la dictature. Il s'agit du Parti républicain (Al-Joumhouri), du Forum Démocratique pour le travail et les libertés (FDTL/d'Ettakatol) de l'Alliance démocratique, du Courant démocratique, du Mouvement du peuple, du Parti du travail démocratique et du Mouvement des démocrates socialistes. Ces partis ont annoncé qu'ils sont en train de peaufiner une plateforme politique commune et un mode de gestion collégial qui leur permettrait de dépasser les querelles de leadership qui ont fait capoter toutes les tentatives d'union des partis se revendiquant de la mouvance social-démocrate par le passé.