Réuni hier à Tunis, le Bureau politique du mouvement Nidaâ Tounes a décidé de désigner Mohsen Marzouk nouveau secrétaire général du parti. Cette nomination a fait l'objet d'un large consensus lors de cette réunion à laquelle ont participé la majorité des membres du Bureau politique, dont Hafedh Caïd Essebsi. Ces membres ont, cependant, souligné la nécessité de la démission de Mohsen Marzouk de son actuel poste de ministre conseiller en charge des affaires politiques du président Béji Caïd Essebsi. Le Bureau politique a, par ailleurs, choisi trois vice-présidents du parti, en l'occurrence Taïeb Baccouche, Hafedh Caïd Essebsi et Faouzi Elloumi. La nomination de Mohsen Marzouk au poste de secrétaire général de Nidaâ Tounes avait été évoquée depuis quelques mois, bien avant que ce quinquagénaire qui avait milité au sein de l'Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) dans les années 80 ne se rende à deux reprises à Washington au cours des dernières semaines. Selon des dirigeants de premier rang de Nidaâ Tounes, M. Marzouk semble bien placé pour mener une mission de démineur au sein du parti au pouvoir traversé par des luttes intestines alimentées en permanence par les égos démesurés de ses cadres. Cet habitué des plateaux de télévision auquel avait échu le privilège de diriger la campagne présidentielle du candidat Béji Caïd Essebsi pourrait également bénéficier de son dense réseau de relations à l'international pour jouer des rôles plus importants aussi bien au niveau du parti vainqueur des dernières élections qu'au sein de l'appareil de l'Etat. Présidentiable ? Ce natif de Mahrès (gouvernorat de Sfax) avait été aux côtés du défunt Chokri Belaïd l'un des leaders des patriotes démocrates (Al-Watad). Son activisme au sein de ce mouvement d'extrême gauche lui a valu d'être arrêté en 1987 et contraint comme plusieurs autres militants de gauche de passer son service militaire à Rjim Maâtoug, en plein désert. Grâcié fin 1988 par Ben Ali, il retrouve les bancs de l'Université et reprend le flambeau du militantisme à l'UGET. Au début des années 90, il renonce à ses idées de gauche pour rejoindre El Taller, une ONG internationale fondée par Nelson Mandela et spécialisée dans le renforcement des sociétés civiles. En 2002, il intègre Freedom House, une ONG créée en 1941 et financée par le gouvernement américain, l'Union Européenne et des groupes privés, dont la Fondation Soros. Devenu de directeur régional de Freedom House pour la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), Mohsen Marzouk s'est installé en 2008 à Doha, où il contribua à la création de la Fondation arabe pour la démocratie présidée par Sheikha Moza, l'épouse de l'émir du Qatar. Au vu de ces importantes connections internationales et des talents d'orateur de Mohsen Marzouk, certains observateurs prêtent à l'homme rentré immédiatement en Tunisie après la fuite de Ben Ali, en janvier 2011, l'ambition de se préparer à se mettre en selle pour briguer la magistrature suprême.