150 professionnels tunisiens ont pris part du 14 au 17 mai à la 16ème édition du Salon international du tourisme et des voyages (SITEV) au Palais des expositions (Pins maritimes, Alger). Cette 16ème édition, placée cette année sous le slogan de "L'investissement dans le tourisme, un investissement porteur", vise à faire connaître la destination touristique algérienne et à établir un partenariat "solide" avec les opérateurs nationaux et étrangers. Ce salon qui s'étend sur une superficie de plus de 3 000 m2 comptait un stand destiné aux opérateurs nationaux et internationaux du tourisme, un autre réservé aux différentes wilayas devant abriter les différentes activités et produits touristiques". Parmi les pays arabes et étrangers présents, figurent la Tunisie, le Maroc, la Jordanie et les Emirats Arabes Unis, ainsi que la Turquie, la France, le Pérou, Cuba et Malte pour une première participation. Ce marché algérien pourra sauver la saison. La Tunisie continue d'être la destination privilégiée des touristes algériens, en accaparant un taux de 52% de leurs départs à l'étranger sur un total de 1 million 900 mille touristes algériens qui voyagent à l'étranger chaque année. Il est très tôt d'évaluer les réservations, car le marché algérien est le marché de last minute par excellence. Une campagne de promotion du tourisme tunisien vient d'être lancée sur le marché algérien. Objectif: booster une demande à forte saisonnalité, puisque la majeure partie des flux touristiques algériens se situe en pleine saison estivale. Laquelle saison va coïncider, pour la deuxième année, avec l'avènement du mois de Ramadan. S'il fut depuis longtemps un marché naturel, au regard de sa proximité, ce marché est depuis plus d'une année approché d'une manière rationnelle, à l'instar des autres marchés avec l'ambition affichée de structurer cette demande algérienne dans le sens de l'implication directe des professionnels du secteur des deux pays. Côté transport, les ministres du Tourisme et du Transport viennent de décider d'un commun accord de multiplier les dessertes directes de villes algériennes. Il s'agit, outre les Algériens qui se déplacent en voiture et en famille, de faciliter l'arrivée des touristes algériens en Tunisie par voie de transport aérien. Il a été convenu d'organiser des vols directs sur Tunis à partir de Annaba, Constantine, Tebessa et Setif en plus des lignes régulières Tunis-Alger. L'ouverture d'une ligne maritime entre les deux pays est programmée cet été en vue de consolider les flux touristiques entre les deux destinations et comme l'a précisé Wahid Ibrahim ex Directeur Général de l'ONTT, les Agériens ont toujours figuré dans la tête du peloton des marchés générant plus d'un million d'entrées touristiques annuelles. « Certes dit-il , leurs nuitées hôtelières ne sont pas encore en rapport avec le nombre de leurs entrées, mais leur effet économique diffus est indéniable. De ce fait et grâce à leurs dépenses extra hôtelières, ils jouent un rôle appréciable dans la dynamique de développement régional.De plus, le flux touristique algérien actuellement plutôt subi que provoqué ne nous a rien coûté ou presque rien en investissement promotionnel et publicitaire .Côté demande de produits et particulièrement en matière d'hébergement, les visiteurs algériens affichent une nette préférence pour les formules para hôtelières et les locations résidentielles. En outre les marchés voisins algériens et libyens ont toujours joué le rôle d'espaces stratégiques de régulation et de compensation en cas de crise sur les marchés européens traditionnels. Exactement à l'image du tourisme intérieur avec lequel ils ont plus d'un aspect en commun: caractéristique matérielle et psychologique de la demande, saisonnalité, attentes, modalités d'organisation de voyages, déplacements par voies terrestres...etc. Restructurer un marché peu organisé Aujourd'hui plutôt spontané et peu organisé au sens européen du terme, le consommateur algérien, grâce à l'amélioration constante et rapide de son niveau de vie, connaitra très bientôt des mutations profondes qui susciteront l'appétit et les sollicitations des destinations concurrentes. « Alors s'interroge Wahid Ibrahim, pour garder et développer l'acquis, il importe de profiter du niveau de pénétration atteint et d'élaborer des stratégies promotionnelles et commerciales plus volontaristes orientées vers trois directions. Côté production, les autorités touristiques devraient engager des actions de contrôle rigoureux de l'hébergement para hôtelier et extra hôtelier dans le souci de protéger le client actuel et de construire une image de qualité crédible et durable capable de motiver davantage des clients potentiels. L'Algérie est un marché où la composante aérienne est très secondaire et où la voiture reste le moyen de transport préféré. A cet effet, une mise à niveau urgente et totale devra concerner les points d'accueil aux frontières (installations climatisées, sanitaires avec douches, salons pour familles avec enfants, buvettes, petits commerces, aires de jeux, infirmerie, restaurants, magasins d'artisanat) ainsi que la fluidité des passages. Il n'y aurait plus de raisons que le confort des postes frontaliers terrestres soit moindre que celui des postes aériens ou maritimes. Une diversification des modes de transport terrestre peut également s'opérer en encourageant l'Autocarisme, qu'il soit effectué par des opérateurs tunisiens ou algériens, avec ou sans transbordement aux frontières .L'établissement d'une ligne maritime régulière entre Alger et Tunis est une ‘'piste ‘' qui mérite également d'être explorée. Enfin, connaissant l'engouement des touristes algériens pour les formules d'hébergement résidentiel non hôtelier, il sera utile de penser à développer des projets de résidences de vacances locatives avec ou sans accès à la propriété. Améliorer la visibilité commerciale de la destination Sur le plan commercial, il faudrait développer d'autres moyens de vente et comme le souligne L'ex DG de l'ONTT « Le tour operating classique à l'européenne existe certes en Algérie mais il concerne une faible part de la catégorie des vacanciers .Par contre, il est possible de programmer des séjours où des Algériens de France et d'Europe (et ils se comptent par millions) achèteraient des forfaits avec transport pour eux et d'autres sans transport pour des membres de leurs familles qui viendraient en voiture d'Algérie. Cette triangulation qui favorise les regroupements familiaux serait particulièrement adaptée aux besoins de certaines catégories d'expatriés algériens qui ne peuvent, pour des raisons historiques, voyager dans leur pays d'origine. En outre, l'ouverture de succursales d'agences de voyages tunisiennes ou de groupements hôteliers dans les grandes villes algériennes, avec ou sans partenariat Tuniso algérien, permettrait de pérenniser la pénétration commerciale sur ce marché et d'améliorer la visibilité commerciale de la destination. Côté communication ajoute Wahid Ibrahim , au lieu de gaspiller le budget dans une campagne publicitaire institutionnelle classique, convient-il ,à mon humble avis, d'orienter les dépenses vers des actions d'amélioration réelles des conditions d'accueil aux frontières, de stimulation à l'implantation d'agences tunisiennes sur le marché, de soutien aux campagnes commerciales initiées par des opérateurs touristiques tunisiens et des agences immobilières, et d'organisation d'événements d'animation à grande portée médiatique :rencontres amicales de football entre les équipes des deux pays à Alger et à Tunis avec retransmission télévisée Live dans les deux pays, grand Festival de Rap et de Rai retransmis en duplex sur les tv respectives des deux pays , organisation de jeux télévisés avec offre de prix sous forme de séjours et d'articles de l'artisanat , reportages multimédias ,concours SMS, organisation de caravanes ...etc Tout cet investissement servira au moins à endiguer une éventuelle baisse et à préparer l'avenir car on ne doit pas perdre de vue que la conjoncture traversée par notre pays n'autorise pas de faux ou de fous espoirs, d'autant plus que Ramadhan qui survient en plein été n'incite pas vraiment la clientèle algérienne à partir en vacances à l'étranger. Les chiffres enregistrés l'été dernier ont été suffisamment édifiants à cet égard »