Une conférence nationale a été organisée, hier, à Gammarth, sur les voies et moyens à mettre en oeuvre pour asseoir et promouvoir l'économie sociale et solidaire, soit les coopératives, les sociétés mutuelles, les fondations et entreprises sociales, en tant que secteur d'activités à part entière, comme il l'avait été, dans le passé, aux côtés des secteurs public et privé, contribuant activement à l'impulsion de l'emploi et du développement local, selon de nouvelles formules tenant compte de l'évolution enregistrée en Tunisie et dans le monde. Le chef du gouvernement, Habib Essid, qui a assisté à l'ouverture de la conférence, a indiqué que les services gouvernementaux concernés se penchent sur l'élaboration d'une stratégie nationale en vue d'organiser ce secteur et le doter d'un nouveau cadre juridique approprié, fixer ses modes de financement et les domaines de son intervention, parallèlement à la formation des ressources humaines concernées. L'organisation de cette conférence nationale s'inscrit dans le cadre de la préparation de cette stratégie nationale sur l'économie sociale et solidaire et elle intervient en application aux clauses du pacte social signé par le gouvernement et les partenaires sociaux, le 14 janvier 2013. Elle se tient à l'initiative du ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle représentant le gouvernement, et des organisations nationales, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) et l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP), en collaboration avec l'Organisation internationale du travail (OIT) et avec l'aide d'un financement assuré par les Pays Bas. Selon une communication du représentant de l'OIT, l'économie sociale et solidaire englobe les coopératives, les sociétés mutuelles, les fondations, les associations et les entreprises sociales, c'est-à-dire les entreprises créées et gérées par un groupe de personnes. Cette forme d'organisation de l'activité économique constitue un levier de la promotion de l'emploi et du développement local. Elle a été adoptée par de nombreux pays en Europe, en Amérique du Nord et du Sud. La Tunisie va être le premier pays africain à mettre en place un cadre juridique pour asseoir l'économie sociale et solidaire d'après les nouvelles méthodes et non pas dans le cadre des options socialistes comme cela avait été le cas dans le passé. Les nouvelles orientations commandent que les entreprises créées, au nom, de l'économie sociale et solidaire soient indépendantes de l'administration, alors que les coopératives et les sociétés mutuelles opérationnelles en Tunisie dans le domaine agricole dépendent encore de l'autorité de l'administration centrale et régionale, comme l'a noté le président de l'UTAP, Abdelmajid Zar. Domaines d'intervention Sur un autre plan, les domaines d'intervention des activités relevant de l'économie sociale et solidaire soulèvent un problème. Selon le représentant de l'OIT, certains pays ont mis en place des cadres juridiques qui permettent à l'économie sociale et solidaire d'englober tous les domaines sans exception, tandis que d'autres pays ont limité ces domaines d'intervention, à l'instar de la Grèce qui a limité son exercice aux personnes handicapées, à besoins spécifiques. La Tunisie penche pour la limitation, et c'est ce qu'a proposé la présidente de l'UTICA, Wided Bouchemmaoui, alors que le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abbassi, a été favorable à son ouverture aux divers domaines économiques. Les participants à cette conférence nationale doivent adopter, à l'issue de leurs travaux, une déclaration officielle sur l'économie sociale et solidaire en Tunisie.