Depuis la mise en place de l'Instance Vérité et Dignité et la nomination de Sihem Ben Sedrine à sa tête, la polémique n'a pas cessé à cause notamment des déclarations et du comportement de ses membres. Cela a commencé en novembre 2014 quand Noura Borsali a présenté sa démission de l'IVD. Refusant d'entrer dans les détails, l'ancienne membre de l'Instance a juste indiqué que la loi relative à la justice transitionnelle devait être révisée et que la composition de l'Instance ainsi que sa présidence devait être liées à l'indépendance politique. Cette démission a été précédée par deux autres, celle de Khemaïs Chammari et d'Azouz Chaouali. Avec le coup d'envoi des premiers meetings, les voitures utilisées par les membres de l'IVD, des voitures de luxe, ont attiré l'attention. Le sujet a enflammé les réseaux sociaux et quelques médias se sont penchés dessus. Plusieurs ont accusé les membres de l'Instance et surtout sa présidente de mauvaise gestion. A ces accusations, Sihem Ben Seddrine a répliqué que les membres de l'IVD ne font que répondre aux besoins des victimes qui auraient exprimé leur souhait de voir Ben Seddrine et son équipe bénéficier de belles voitures ‘dignes de leur fonction'. La direction de l'Instance aurait elle-même insisté sur l'importance de ce genre de voitures pour l'image de l'IVD. Une réponse que certains ont qualifiée de provocatrice et d'insolente. A l'époque, Sihem Ben Seddrine bénéficiait de la protection de l'ancien président de la République, Moncef Marzouki. Au lendemain du second tour de l'élection présidentielle, et après l'annonce de la réussite de Béji Caïd Essebsi, Sihem Ben Sedrine a créé la surprise générale en tentant de déplacer les archives nationales. La présidente de l'IVD a ramené des camions de transport de marchandises, équipés de cartons emballés, et a tenté d'accéder à l'enceinte du palais de Carthage avec pour but de transporter les archives nationales aux locaux de l'Instance. Ben Sedrine a été empêchée in-extrémis de commettre ce que certains ont qualifié de banditisme institutionnel. Ben Sedrine est même allée jusqu'à prétendre que le ministre de la Défense nationale de l'époque, Ghazi Jeribi, lui a fourni les camions après qu'elle lui ait envoyé un sms. Des déclarations qui ont été démenties par le porte-parole du ministère qui a expliqué que la présidente de l'IVD a demandé les camions pour qu'ils soient employés dans le transport des meubles de l'Instance. Après une petite pause de quelques semaines, l'Instance Vérité et Dignité revient aujourd'hui avec une nouvelle requête: l'autorité réclame en effet 19 millions de dinars tunisiens. Une somme qui a été demandée par Sihem Ben Sedrine lors de la séance de son audition par la commission parlementaire des martyrs et blessés de la révolution, de l'application de la loi de l'amnistie générale et de la justice transitionnelle. Meriem Boujbal, députée du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, a rapporté que ces 19 millions de dinars demandés viennent en complément des 10 millions DT déjà versés au titre de l'année 2015. Des sommes, selon la députée, dont personne ne connaît l'aboutissement. Meriem Boujbal a ajouté que les députés du mouvement d'Ennahdha se sont précipités pour soutenir Ben Sedrine tantdis que les députés de Nidaa Tounes ont exigé des comptes de la gestion du budget de l'IVD. Personne n'ignore les conditions économiques que vit actuellement la Tunisie, de ceux qui enchaînent les grèves à ceux qui réclament le déploiement de 19 millions de dinars. Nous avons contacté un membre de l'Instance qui a préféré garder l'anonymat. Selon lui, l'IVD a besoin d'un important financement puisque 70% de la somme versée au début de l'année aurait été destinée aux salaires des quelque cinq-cents employés de l'autorité. Un chiffre alarmant qui redouble les doutes et les interrogations. Le plus judicieux serait d'exiger un audit externe qui clarifiera la gestion du budget de cette instance et mettre fin aux requêtes plus insensées les unes que les autres d'autant plus que celui qui ose critiquer l'IVD se fait taxer illico d' ennemi juré de la justice transitionnelle !