Une plasticienne, deux plasticiens exposent leurs œuvres pour une Première sur les cimaises du Damier. Mariam Jlassi diplômée de l'ISAMS (Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sfax), est dans l'illusoire, l'évasion dans le rêve; elle voyage dans son univers fait de crayon, fusain et gouache, où Minerve combat le Centaure, où le mythe de Psyché s'envole sur les ailes d'un papillon, où la chrysalide qui est la potentialité de l'être, symbole de résurrection, se fait femme. Subtilité dans la composition, son œuvre est onirique et humanise le monde qui nous entoure en le faisant devenir révélation poétique de la vie. Tel un Francis Bacon, Mokhtar Ghrab nous montre ses corps aux aspects séquentiels et syncopés où le jeu des couleurs et des expressions sont des éléments plastiques et émotionnels. Un art de stylisation, où ses huiles sur toiles sont empreintes d'une frénésie tragique qui rappelle cette phrase de Léonard : «la pittura è una cosa mentale ». Mokhtar, lui aussi diplômé de l'ISAMS (Sfax), exprime avec intelligence cette révolte de l'homme contre sa propre nature. L'image, thème cher à Hamza Mahjoub, réalisateur et scénariste à Montréal, vient au secours du verbe, ce que Pascal appelait « le cœur », car l'image atteint l'affectivité, elle fait « penser », et Hamza semble nous rappeler qu'il faut savoir s'en servir sans s'y asservir. Ses compositions frôlent l'art spirituel où ses personnages et paysages sortis de récits dantesques forment des fresques telles des vitraux sacrés où l'acrylique et le pastel leur confèrent une joie physique de l'intellect. Une triple pensée dans l'imaginaire nous guide dans cette exposition; l'une nous conduit dans le fantastique, l'autre nous mène vers une vision contemplative et la troisième nous suggère un art de fabulation, et, toutes trois atteignent une universalité certaine. Sylvain Montéléone