L'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) appelle à l'élargissement des domaines d'application du partenariat public/privé (PPP). Entre temps, la réponse de la première centrale syndicale, en l'occurrence, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), n'a pas tardé. Hassine Abassi, secrétaire général, exige d'être consulté. A priori, l'UGTT ne refuse pas le principe d'adoption d'une loi sur le partenariat public-privé, d'autant plus qu'elle a sa propre vision. Une vision qui fait que le secteur privé doit faire preuve de maturité et contribuer à la création de l'emploi à travers le PPP. L'Organisation patronale va plus loin en annonçant que le PPP devrait aller au-delà de l'infrastructure de base, des services publics et des concessions. A vrai dire, l'UGTT se trouve confrontée à une nouvelle donne. Le PPP est de plus en plus conçu par les autorités comme une obligation et non pas un simple choix. C'est, d'ailleurs, ce que les instances financières internationales évoquent. Le FMI, la BM et même la BERD s'intéressent au PPP. D'autant plus que cet aspect figure dans le package des réformes économiques promises par la Tunisie. En tout cas, la loi relative au PPP, devrait être discutée puis adoptée au plus tard en octobre 2015. L'expérience tunisienne devrait connaître un nouveau départ. 9 projets seulement ! Selon une étude élaborée par deux enseignants universitaires, Sofiane GHALI, ESSEC, Université de Tunis et Sami REZGUI, ESCT, Université de Manouba, l'expérience tunisienne en matière de PPP ne dépasse pas neuf projets en PPP qui ont été réalisés au cours de la période 1990-2012. Ces projets ont mobilisé des investissements de l'ordre de 6,8 milliards de dollars américains. Ces projets, encore opérationnels, concernent quatre secteurs : l'énergie (4), le transport (1), les télécommunications (3) ainsi que l'eau, l'assainissement et le traitement (1). Le secteur privé tunisien a participé dans 2 projets uniquement (télécoms et eau). « Cette expérience tunisienne en matière de PPP se base essentiellement sur des projets Greenfield investments. Une seule expérience réalisée dans le cadre d'un contrat (Concession aéroport Enfidha-Monastir) ce qui entraîne un faible retour d'expérience sur les PPP à forme contractuelle. Ce qui nous ramène au nouveau projet de loi PPP (projet n°69-2012), ce projet de loi étant fondé sur le PPP à forme contractuelle », peut-on lire dans cette étude. Dossier à suivre Zied DABBAR * Que se passe-t-il ailleurs ? Selon la base de données de la Banque mondiale, 5783 projets en PPP ont été réalisés dans 139 pays au niveau de revenu faible à moyen (pays en développement) au cours de la période 1990-2012. Ces projets ont mobilisé des investissements estimés à plus 2 billions de US.$. Les tendances observées aussi bien du point de vue du nombre de projets que du point de vue des investissements ne semblent pas être significativement affectées par la crise financière déclenchée en 2007 * La région Mena peu active Selon l'étude précité, la région MENA est peu dynamique en matière de PPP : 2,6% des projets réalisés à l'échelle mondiale (cumul 1990 -2012) et 4,6 % des investissements (cumul 1990-2012). Les pays les plus dynamiques se situent en Amérique Latine. Par ailleurs en ce qui concerne le taux d'échec des projets PPP : les projets PPP réalisés dans les pays en développement qui ont été soit annulés, soit en souffrance (soumis à un arbitrage international) s'élèvent à 329, soit un taux d'échec de 6%.