La présidente de l'Instance Vérité et Dignité, Sihem Ben Sedrine, a annoncé, au micro de la radio Mosaïque FM, le démarrage, aujourd'hui, des auditions des personnes ayant déposé des requêtes. Des fonctionnaires de l'Instance, ayant bénéficié d'une formation de deux semaines au sujet de la justice transitionnelle, auront pour tâche d'auditionner toutes les victimes qui ont préalablement déposé leur dossier chez ladite autorité. Ces victimes auront à répondre à cent-cinquante questions et, suite à un accord signé, les séances d'audition seront enregistrées et ce dans le but de garantir tous les éléments vitaux pour la révélation de la vérité. Pour les victimes qui ne peuvent effectuer les déplacements nécessaires, l'IVD prévoit de mettre en place des unités mobiles qui iront aux domiciles des personnes et recueilleront leurs témoignages. Dans ce contexte, l'autorité coordonnera avec les ministères des Affaires sociales, de la Justice et de la Santé publique. S'exprimant sur les causes du retard du démarrage des travaux de l'IVD, sa présidente a accusé l'ancien chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, d'avoir bloqué les ressources financières dues à l'Instance. Cela expliquerait de même, toujours selon Mme Ben Sedrine, le fait que l'Instance n'ait pas ouvert de bureaux régionaux. En ce qui concerne le dossier des archives de l'Etat, la présidente de l'IVD a assuré qu'un accord a été trouvé avec la présidence de la République qui va permettre à l'Instance de se procurer des copies desdites archives. Il est utile de rappeler que lors de son audition par la commission parlementaire des martyrs et blessés de la Révolution, au sujet de l'application de la loi générale et de la justice transitionnelle, Sihem Ben Sedrine a demandé la modique somme de 19 millions de dinars à part les 10 millions dinars qu'on lui a déjà versés au titre de l'année 2015. Une somme astronomique d'autant plus que l'Instance n'a pas encore été soumise à un quelconque audit externe. Dès sa mise en place, l'IVD a été sujette à différentes polémiques causées tantôt par des démissions mystérieuses tantôt par des déclarations et des requêtes insensées. Alors qu'elle s'apprête au démarrage de ses travaux, l'Instance ne dispose pas encore de bureaux régionaux ce qui pourrait faire ralentir les procédures des séances d'audition. Sihem Ben Sedrine a assuré qu'avec l'intention d'appliquer la réconciliation nationale, le travail de l'IVD va connaître une nette progression. Les jours à venir seront décisifs pour l'Instance qui, si jamais elle accomplit correctement son travail, pourrait enfin gagner en crédibilité après avoir subi les critiques les plus virulentes.