A l'occasion du soixantième anniversaire du retour du leader Habib Bourguiba de l'exil, une séance de présentation du livre intitulé « Bourguiba, le retour ? » a eu lieu lundi 1er juin à l'espace Sophonisbe à Carthage. Le livre préfacé par Béji Caid Essebssi, est le fruit d'une collaboration d'un groupe d'universitaires, Lotfi Aissa, Houcine Jaidi, Abdelhamid Larguèche, Alaya Allani, Hédi Jalleb, Said Bhira, Hatem Mrad, Dalenda Larguèche, Anas Echebbi, Abdelwahed Brahmi et Dorra Bouzid. La séance était présidée par Professeur Abdelhamid Larguèche qui a précisé que le livre se considère comme un mariage entre l'histoire et la mémoire. L'idée de son élaboration était à l'origine d'un séminaire tenu au mois d'août 2014 à Monastir et a planché sur la question de renouer avec la pensée de Bourguiba. La société tunisienne a vécu, ces dernières années, une crise intellectuelle et idéologique qui aboutira à un clivage opposant diamétralement les Tunisiens entre eux. Ainsi donc, la stature charismatique de Bourguiba renaît de ses cendres pour emplir de nouveau un paysage politique en effervescence et animer les débats les plus controversés quant à la notion de l'héritage, de l'Etat et de la nation. Sans oublier les questions de l'identité, de la condition féminine, de la tunisianité et du modèle de société qu'on souhaite adopter. Evoquer Bourguiba est devenu la cause de tiraillements politiques, et a, par ailleurs, amené des jeunes qui n'ont pas connu ce personnage d'en dessiner une image idyllique. D'où l'idée d'étudier Bourguiba à partir des regards croisés, des prises de positions opposées,... C'est aussi faire ressurgir Bourguiba et le projeter dans une critique objective et une analyse académique. L'historien Lotfi Aissa, a souligné que l'importance de ce livre réside dans le fait que Bourguiba est sorti du discours politique vers des espaces publics le considérant dans ses diverses dimensions. La question principale qu'on s'est posée consiste à comprendre si Bourguiba fait réellement partie de l'histoire, ou si sa pensée est toujours d'actualité. Une autre piste d'analyse consiste à étudier le rapport de Bourguiba à l'imaginaire collectif. Cette personnalité est largement présente dans la mémoire collective. Il faudrait que les universitaires reprennent la question du rapport de Bourguiba avec l'histoire et avec l'imaginaire collectif. Quant au politologue Hatem Mrad, il a affirmé que ce qui l'intéressait chez Bourguiba, c'est la culture de l'action politique. Il est un des rares hommes à réaliser très tôt que la politique est un champ d'action et pour y réussir, il faut un certain réalisme. Il a toujours conjugué avec les capacités limitées dont disposait le pays, une stratégie méthodique, sagace qui viendra confirmer plus tard la justesse d'une vision pragmatique celle de la politique des étapes menant à l'indépendance du pays avec les moindres dégâts. L'historien Houcine Jaidi a montré le rapport de Bourguiba à l'histoire ancienne. Il a précisé que certes, il n'y a pas d'écrits ou de discours de Bourguiba sur l'histoire ancienne de la Tunisie, mais, c'est suggéré à travers des comportements et des décisions de la part de ses ministres concernant l'éducation, la culture, l'identité. Depuis les premières réformes de l'éducation , nous constatons qu'une grande place a été réservée à l'histoire ancienne dans les programmes éducatifs, de même concernant les recherches archéologiques, l'Institut National du Patrimoine de l'époque, s'est préoccupé des sites archéologiques, et a encouragé le tourisme culturel à travers les hôtels au prés des sites archéologiques dans les régions intérieures de la Tunisie, Dougga, Sbitla ..., de même, concernant les billets de monnaie qui portaient des figures et des symboles historiques anciens depuis 1958. Enfin Dorra Bouzid a parlé du sujet de Bourguiba et la femme, en racontant son expérience en tant que pionnière du journalisme féminin, et l'encouragement de Bourguiba qui suivait tout ce qu'elle écrivait. Elle a affirmé qu'à l'époque, il n y avait pas encore de censure, qu'elle était un électron libre et que Bourguiba avait un tempérament de dictateur et n'était pas vraiment un dictateur puisqu'il acceptait la critique.