Il y aura des tables, chargées de victuailles, des mets sucrés pour la soirée, et plus si affinités. Une envie de manger le monde, dans un plat, regard fixé sur la télé, tandis que passent les jours, et passent les semaines... Sitôt commencé, sitôt fini, le Ramadan. Mais on n'en n'est pas encore là... N'est-ce pas ? Mois de piété et de grâce, où l'on pense surtout à sa panse. Le « p'tit » quart d'heure d'empathie ? Entre la poire et le fromage. Il ne faut pas se gâcher la vie. Le déluge ? Après moi. Le monde peut aller à a sa perte... Juste satisfaire mes envies. Et peu importe qu'il pleuve ou vente : des balles, des obus, et des morts par milliers. La faim qui ravage, la soif qui assèche des gosiers, ayant depuis longtemps, désappris le goût de l'eau. Cette eau « bonne pour le cœur », si chère au « Petit Prince » de Saint- Exupery, c'est elle qui tend à manquer... En quoi tout cela me regarde ? L'hydromel coule à flots, dans mon verre, porté à ma santé. Le bonheur... Ah, oui !, une petite prière, pour ceux qui souffrent, dans ce vaste univers, histoire de leur faire une « belle jambe », et une auréole de sainteté, en sus, sur ma tête. Fichtre, ça alourdit ! Une petite sieste alors : un zeste de solidarité, avec les S.D.F de mon quartier. De mon quartier ? Du monde entier. Eprouvons, éprouvons les vertus du jeûne. Pour étreindre son Prochain en pensées. Prendre ses maux à bras-le corps, bercer ses douleurs, l'aider à supporter l'épreuve, toujours en pensée. Fraternité. Ça ne coûte rien et vous avez votre dû de grandeur d'âme. S'il vous en reste, il faut en laisser pour demain, avec une pincée d'humanité. Attention, ça déborde ! Comme un paon... Au réveil, vous pouvez toujours pavoiser...