Les festivals du Ramadan sont devenus des incontournables de notre paysage culturel. Institués, il y a plus de trente ans avec la naissance du festival de la médina de Tunis, ces manifestations se sont depuis multipliées tout en restant dans le sillage de leur matrice, la capitale. En effet, il ne s'agit pas à proprement parler d'innover en ce qui concerne ces festivals. Sans véritable projet artistique, ils ont une dimension ludique, le caractère d'un loisir culturel pour meubler les veillées du Ramadan. Bien entendu, les organisateurs rivalisent d'imagination pour concocter les meilleurs programmes et fidéliser le public. Le festival des sections régionales de la Rachidia Toutefois, ils s'éloignent rarement de l'identité musicale qui structure l'écrasante majorité de ces festivals. De la musique avant toute chose mais aussi des clins d'oeil aux traditions liturgiques et folkloriques. En ce sens, il est intéressant de constater que, pour le moment, personne n'a encore songé à créer un festival du Ramadan consacré aux musiques liturgiques tunisiennes et plus largement à la musique religieuse. La remarque concernant les festivals de ce Ramadan réside dans une nouvelle donnée toutefois puisque nous assistons à un déploiement de ces festivals sur des espaces de représentation non classiques. Citons par exemple un café pour les nuits du Saf Saf ou une ancienne église pour le cycle musical animé par le Rotary Tunisie à l'Acropolium. La plus originale de ces manifestations culturelles du Ramadan nous semble celle de la Rachidia. Intitulée "Tarnimet", créée en 2014, cette initiative de la Rachidia se déroule cette année du 27 juin au 12 juillet. Avec une quinzaine de soirées, ce festival se veut tout d'abord le rendez-vous annuel des sections de la Rachidia. A ce titre, la Rachidia de Kairouan a ouvert le festival et celle de Monastir assurera la clôture. En ce sens, il existe sept sections de la Rachidia à travers le pays, leur objectif étant de diffuser l'enseignement du malouf. Un Karaoké pour le malouf! Le programme de Tarnimet 2015 comprend également des rendez-vous avec Fathi Zghonda ou Abdelkrim Shabou, deux ténors de la musique classique tunisienne. La soirée la plus originale devrait avoir lieu le 5 juillet sous le signe du... Karaoké. En effet, les jeunes seront invités à interpréter le malouf de façon ludique et devraient donner tous les accents de la convivialité à cette soirée musicale pas comme les autres. Au delà, la Rachidia qui célèbre son 80ème anniversaire, veille aussi au renouvellement car, outre le rayonnement régional, la vieille Dame de la musique tunisienne opte de plus en plus clairement pour le rajeunissement. Dès les premières soirées de ce cycle 2015, le festival Tarnimet a obtenu un franc succès public et un véritable engouement parmi les jeunes, curieux de découvrir le malouf de plus près et, surtout fascinés par la longue histoire de cette institution qui a vu passer Saliha, Oulaya ou Salah Mahdi. Tarnimet se poursuit jusqu'au 12 juillet et pour ce festival de proximité, l'entrée est gratuite. Toutes les soirées commencent à 22h. On en redemande!