C'est un bousculement de formes et de couleurs. Comme un jaillissement, qui irait parfois decrescendo, investissant des zones plus sombres, mais faisant le plus souvent alliance avec la lumière, au détour d'un visage aux contours un peu flous, ou évanescents, pour mieux apprivoiser le soleil en l'emprisonnant au cœur de pigments, irrigués comme un cœur qui bat, pour offrir alors, la surprise d'un enchantement pictural, qui ressemble fort à l'émotion ressentie, mâtinée d'une sourde tristesse, devant la beauté saisissante et pourtant si fragile, de la création, qui raconte toujours la même histoire, éternellement recommencée. Ce que le jour doit à la nuit... Ce que la nuit dira des jours qui passent, face à la posture alanguie de certaines créatures en peinture, qui résument, en un lacis enchevêtré, la séduction, en même temps que le trouble ressenti, devant ce qui a beaucoup à voir, avec plus ou moins de bonheur, avec l'incarnation de l'être, dans sa singularité et sa complexe splendeur. Mi- figue, mi-raisin. Tantôt cela peut couler de source, tantôt c'est laborieux parce que les chemins de la création, de l'art pictural, sont forcément balisés de chausse-trappes, et ne peut pas qui veut. Du coup, il importe avec son pinceau, de se munir d'une patience qui peut être mise à rude épreuve, tant qu'il n'y ait pas eu, ce surgissement de lumière, à travers un prisme vertigineux, qui est ce que tout peintre appelle de ses vœux. A l'Espace Boubana pour les Arts (Rue de Marseille) où se tient cette exposition qui regroupe une vingtaine de tableaux, lesquels méritent le détour du regard, il y a également, quelques portraits qui forcent le respect, et vous enserrent à la gorge : celui du poète Sghair Oueled Ahmed, ou encore celui de Feu Slim Bouda, que ses amis reconnaîtront. Jusqu'au 30 août courant, entre figuration, et abstraction mêlés. Au petit bonheur la chance, dans une irruption de prismes, lesquels, paradoxalement parfois, et là où l'on s'y attend le moins, jettent comme un voile de moire sur des silhouettes qui vous regardent, lors-même que vous pensiez être les seuls à avoir ce privilège...