Exposition de peinture de Rebecca Mann et de sculptures de Boujemaa Belaifa à la galerie Kalysté (La Soukra) Depuis le 11 octobre dernier, les cimaises de la galerie Kalysté abritent les œuvres récentes de deux artistes confirmés : l'artiste-peintre américaine résidente en Tunisie Rebecca Mann et le sculpteur tunisien Boujemaa Belaifa qui, toutes obédiences plastiques confondues, nous offrent, à travers leurs œuvres, une balade évanescente, une aventure humaine puissante et subtile haute en couleur. Dans ses coups de pinceau, de brosse, Rebecca Mann travaille entre l'imaginaire et le réel. La couleur est son mode d'expression. La forme, le trait, la matière sont des prétextes, tous au service d'une harmonie colorée. Celle-ci est tantôt légère, translucide, énergique, puissante, profonde, diaphane, mais toujours poétique. Il faut seulement que le regard se laisse toucher et emporter par la couleur et dans la couleur. «Peintre du corps», également, elle exprime l'énergie, le mouvement, le geste par la vigueur du trait et la force de la couleur. Cette créatrice ne s'affuble pas d'élitisme, elle recherche avant tout l'esthétisme à l'aide d'un discours figuratif et humain où secret et interprétation ont cependant un grand rôle à jouer. Elle revendique un langage populaire où chacun peut orpailler à sa guise ses sensations, subtilement ou à fleur de peau, un art qui touche son contemplateur. Son œuvre se situe à divers degrés, entre abstraction et figuration. Dans ce travail récent, Rebecca Mann explore les rapports entre la matérialité de la texture picturale et les émotions suscitées par son sujet d'inspiration, pris comme le point de départ de sa création. Dans «Florales», «Nu de dos» , «Branchages», etc. de ses traits qui s'entrelacent, s'accrochent et grimpent jusqu'aux petits accents impressionnistes, elle évoque la beauté de la nature «femme» et ses mystères. La lumière éclate au cœur de ses créations, dont le lyrisme discret est servi par la subtilité d'une palette nuancée, délicate et sensible. La richesse de la matière Boujemaa Belaifa a eu l'occasion de présenter des expositions personnelles et de participer à des expositions collectives telles que la 4e Rencontre internationale de la céramique d'art au centre Sidi Kacem Jélizi où ses sculptures aux formes complexes semblent prendre appui sur un horizon ferme, paradoxalement invisible, indivisible de la sculpture. Ses volumes de pleine densité semblent étirer la matière et donc le regard. Boujemaa Belaifa est un modeleur. L'argile est sa terre. Ses résines noires de terre cuite, de sable et d'acrylique modulent, densifient ou précisent les volumes qu'il propose. Les surfaces travaillées de ses sculptures par des plissements, des entailles diffractent une lumière de poussière blanche sur des volumes gris et noirs énigmatiques. Formes humaines, paysages surréaliste, des sphères accrochées à une silhouette assise faisant corps avec le sol ou autre : voici ce qu' évoquent ses sculptures à celui qui les regarde. C'est souvent la condition humaine qu'il nous propose de voir. D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Une exposition qui vaut absolument le détour.