Hafedh Caïd Essebsi, fils de Béji Caïd Essebsi, s'est toujours montré rebelle et capricieux. L'histoire de Caïd Essebsi Junior a débuté avec son entrée au mouvement de Nidaa Tounes et plus précisément, à la veille des élections législatives. Alors que le mouvement était en pleine crise, à cause des préparations des listes électorales législatives, Hafedh a été désigné, en l'espace de quelques heures, tête de liste de la région de Tunis 1. La nouvelle a été très mal perçue par l'opinion publique et surtout, par les sympathisants de Nidaa Tounes. Face à la révolte générale, les dirigeants du mouvement ont dû revoir la désignation et le nom de HCE a été rayé. Le lendemain, quelques militants du mouvement se sont rendus devant le siège du Nidaa aux Berges du Lac et y ont protesté réclamant le retour de Caïd Essebsi Junior sur les listes législatives. Cet incident, survenu à un moment critique de l'ascension de Nidaa Tounes, a passé sans grands dégâts. Il aura fallu attendre la période post-électorale pour que les événements prennent une tournure tragique. En effet, et une fois que le mouvement a été confortablement installé à la tête de l'Etat, Hafedh Caïd Essesbi, profitant du vide laissé par les dirigeants qui ont occupé par d'autres fonctions – à l'instar de Taïeb Baccouhce et de Mohsen Marzouk – a décidé de récupérer le mouvement bâti par son père. Après avoir créé une cellule de soutien à sa propre personne – une cellule comprenant, entre autres, les députés Khaled Chaouket, Khmaïes Ksila et Abdelaziz El Kotti – HCE a lancé une campagne médiatique annoçant la création d'un courant réformiste au sein de Nidaa Tounes. Se rebellant contre le comité constitutif, le fils du chef de l'Etat a provoqué une crise sans précédent au sein du mouvement. Quelques mois après la tempête qui a enflammée tous les médias et les réseaux sociaux, et au lendemain de la prise de fonctions de Mohsen Marzouk en tant que secrétaire-général du Nidaa et de l'élection d'un bureau politique, le parti majoritaire aux élections a réussi à remettre de l'ordre au sein de ses rangs sans pour autant garantir ne serait-ce que l'espoir de voir Hafedh Caïd Essesbi se tenir à la discipline partisane. Après une courte éclipse, HCE est revenu avec une nouvelle polémique le mois dernier. Changeant de thématique, le vice-président de Nidaa Tounes a fait parler de lui après une visite effectuée en Espagne le 7 juillet. Une visite qui a résulté d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangères espagnol, Ignacio Ibanez Rubio, avec la porte-parole du groupe Socialiste au Parlement et l'ancienne ministre des Affaires étrangères Mme Trinidad JImenez ainsi que l'ancien secrétaire d'Etat Lopez Garrido. En publiant les photos desdites rencontres sur sa page officielle Facebook, Caïd Essebsi Junior avait provoqué une révolte des internautes. Face à cette réaction, le chef de l'Etat a expliqué que son fils s'y était rendu avec sa famille – dans le cadre d'une visite ‘privée' – et que personne n'avait la possibilité de s'exprimer au nom de l'Etat à part son chef. Seulement voilà, et à peine un mois de l'incident de l'Espagne, HCE est revenu avec une nouvelle bavure : en visite à Ankara, le fils de Béji Caïd Essebsi a été officiellement reçu par le président Turc, Recep Tayyip Erdogan. Les photos, publiées sur la page Facebook, ont fait le tour des réseaux sociaux et des journaux électroniques. Inspirant révolte, interrogation et amertume, la rencontre entre le fils de BCE et Erdogan a poussé certains à évoquer des liens entre ces pratiques et celles exercées par la famille du président déchu, Ben Ali. L'une des chaînes privées tunisiennes a même pris la peine de réserver une partie de son journal télévisé à la couverture de cette visite sans pour autant en citer le cadre et les circonstances. A l'heure où nous écrivions ces lignes, aucune explication officielle n'a été publiée mais une source proche du cabinet présidentiel nous a assuré que HCE était, encore une fois, en visite privée en Turquie, toujours accompagné par sa famille. Si cela se confirmait, la gravité en serait double : de quel droit le fils du président de la République rencontre-t-il les responsables des pays qu'il visite dans un cadre familial privé ?