La démocratie dans un Etat civil qui a accepté le principe de l'alternance pacifique au pouvoir à travers les urnes et par les élections et pas par la violence milicienne ou autre, est assujettie à un mécanisme essentiel : Le Rapport de forces ! En effet, la compétition politique est libre dans le cadre de la loi et le respect des règles du jeu qui fait que le parti majoritaire est habilité à gouverner et à conduire les affaires de l'Etat, y compris arrêter les grandes lignes de la politique générale économique, sociale, sécuritaire et de défense nationale, de la diplomatie, du développement régional et de la coopération internationale, etc... Mais, certains tunisiens ont la mémoire courte, quand il s'agit de se rappeler ce qu'ils ont été et ce qu'ils ont fait du temps où « plébiscités » par les électeurs lors de la Constituante et juste après la Révolution, ils se sont installés aux commandes des trois Présidences, de la République, du Gouvernement et du Parlement « constitutionnel ». Mais, les temps... entretemps, ont changé de cap et d'acteurs au pouvoir depuis les dernières élections de fin 2014. C'est la démocratie, que nous voulions tous, qui a opéré les changements au niveau des leaderships de commandement politique. Alors si nous voulons faire un bilan du comportement des élites dirigeantes et des partis au pouvoir dans les deux périodes postrévolutionnaires successives, il va falloir commencer par le commencement et à tout seigneur tout honneur la « fabrication » des lois ! Aujourd'hui, nous, citoyens profanes et pas du tout dans le secret des « Dieux » qui nous ont gouverné du temps de la Sainte « Troïka », voulons savoir par exemple, comment et pourquoi a été créée « l'Instance Vérité et dignité », au dernier quart d'heure de la législature de la Constituante, dans la précipitation hallucinante que l'on connaît et qui a désigné ses membres et sa présidente très controversée ! Aujourd'hui, on remue ciel et terre et on fait appel aux instances internationales des « droits de l'Homme », pour faire plier le bras du nouveau pouvoir élu démocratiquement et l'empêcher de faire voter une loi sur la conciliation nationale au nom de la continuité de l'Etat et de la démocratie... Une démocratie amputée au gré du jour ! Alors si j'ai bien compris en tant que juriste de l'ancienne école dépassé par les événements, la Troïka au nom de la démocratie et du vote majoritaire à la Constituante avait le droit de faire passer toutes les lois qu'elles voulaient et que l'actuelle alliance au pouvoir au nom de cette même démocratie (seul privilège apparemment de la minorité perdante aux élections) n'a pas le droit de faire passer les lois qu'elle estime nécessaires pour débloquer une situation inextricable, partie de la justice transitionnelle pour arriver à une inquisition en bonne et due forme, véritable épée de Damoclès sur tout le tissu politique, historique, économique et financier du pays ! Quelqu'un de plus averti, appellerait cela la dictature de la « minorité » écartée du pouvoir, par le pouvoir souverain du peuple qui ne veut plus de cette oligarchie de la vindicte « populiste » au nom de la justice transitionnelle. La « Justice transitionnelle » doit être avant tout : La Justice ! Un point à la ligne ! Si des hommes d'affaires ou des hommes politiques ont commis des contraventions ou des crimes de quelque nature que ce soit et qui tombent sous le coup de la loi seuls les juges en leur âme et conscience, ont le droit de les incriminer en interprétant les lois ! De fait, dès le départ, l'IVD a péché par un certain esprit proche de l'inquisition que de la conciliation nationale. Ses promoteurs à l'ANC, en assument toute la responsabilité historique d'avoir enfanté une institution marquée par le sceau de la terreur orientée vers tout ce qui a fait l'Etat national moderne en remontant à 1955 ! Au fait, pourquoi, tant qu'on y est, ne pas remonter à l'époque Hafside, ou celle de la dynastie husséinite ! La volonté était donc plus que claire à l'époque de mettre en accusation l'œuvre de Bourguiba et tous les leaders nationaux qui ont créé cet Etat, souvent dans la douleur et avec certainement des accidents de parcours prévisibles en termes de déterminisme historique. L'époque « Ben Ali » est donc, reléguée à une des étapes du « despotisme » , puisque qu'on allait faire le procès de toute la modernisation tunisienne en remettant sur la table la question youssefiste, le coup d'Etat de 1962 et bien d'autres tragédies nationales, avec des lectures bien orientées d'une justice parallèle de fait ! De ce point de vue et sur le plan du droit pur, l'IVD et en contradiction avec un principe immuable du droit positif: l'indépendance de la justice et de la magistrature, et la séparation des pouvoirs. Le pouvoir judiciaire n'appartient qu'aux juges et auxiliaires de justice et non à des instances « fabriquées » à la sauvette pour régler des comptes politiques ! Et à l'époque le premier visé était M. Béji Caïd Essebsi, leader de Nida Tounès et ancien ministre de Bourguiba, pour l'empêcher de briguer la Présidence de la République. Mais le peuple souverain en a décidé autrement en reléguant ses « inquisiteurs » aux oubliettes de l'Histoire et en lui donnant ses suffrages en toute liberté. Aujourd'hui, on s'acharne à remettre ce projet d'avilissement des bâtisseurs de la Tunisie moderne en culpabilisant des générations entières de militants dans tous les domaines de l'activité humaine. Le Bourguibisme est resté gravé dans le subconscient du peuple et de la mémoire collective, comme une culture de l'héroïsme combattant du temps de la colonisation et du renouveau national et on veut à tout prix l'entacher et le ramener à une vulgaire étape du despotisme ! Alors tout est bon... pour la bonne cause (sic) ! On va provoquer la confection de milliers de « dossiers » plus que problématiques pour remettre en selle la discorde et la « Fitna » et pousser les Tunisiens et les Tunisiennes à se haïr et à renier leur passé. Certains juristes minoritaires - activistes, pensent que l'IVD est une Instance « constitutionnelle ». C'est tout simplement faux ! L'IVD n'est pas une institution constitutionnelle mais une structure créée par une loi votée par la Constituante quand elle s'est imposée et érigée (contre sa première vocation de rédiger et faire adopter une Constitution) comme Chambre législative de fait mais pas de droit. Or, ce qui est créé par la loi peut être changé par la loi, et en Démocratie, ceux qui font les lois ce sont les majorités parlementaires démocratiquement élues. Ce que certains animateurs de la campagne de mobilisation contre le projet BCE de conciliation nationale veulent en ce moment, c'est tout simplement empêcher le gouvernement de gouverner alors qu'il a été légitimement élu par le Parlement, et le Président de la République de faire son devoir de déblocage de la vie économique en tant que symbole de la souveraineté de l'Etat et acteur principal de l'arbitrage politique. Oui, la « Démocratie » du temps de la Troïka, donnait le droit aux gouvernants de gouverner à leur guise et souvent à la limite de la légalité et des principes généraux de droit y compris la continuité de l'Etat, alors, que cette même « démocratie », selon certains, empêche et interdit, aujourd'hui, à M. Béji Caïd Essebsi, Président de la République, au Premier ministre, M. Habib Essid, ainsi qu'au Parlement élu de l'ARP de légiférer ! Quelqu'un peut-il rappeler à ces Messieurs-Dames de la minorité dictatoriale que le peuple tunisien est souverain ! Il a dit son mot dans des élections transparentes et légitimes de l'avis du monde entier ! Il a désigné l'exécutif pour gouverner et réparer les pots cassés de toutes les transitions qui ont mis à genoux l'Etat, l'économie, la finance et la culture générale de ce pays. Si vous voulez le pouvoir à nouveau, allez aux urnes, les élections sont dans cinq ans ! Mais, le peuple tunisien n'est pas naïf ni taré, il a expérimenté les hommes du pouvoir, suffisamment, pour savoir distinguer le vrai du faux ! l'importé de l'original !« Wala yuldaghou El Mouminou min johrin marrateini » (Le croyant averti ne se fait pas piquer deux fois de la même morsure) ! Messieurs les gouvernants... gouvernez ! Le peuple vous a élu pour résoudre ses problèmes et aller de l'avant. L'inquisition est morte depuis Charles Quint et Isabelle la Catholique ! K.G