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LA VOIE DES CHÊNES
Redécouvertes
Publié dans Le Temps le 28 - 10 - 2007

Dans un article précédent, nous avons conseillé à nos lecteurs de profiter des derniers jours de vacances scolaires pour se rendre à Melloula, proche de Tabarka, aujourd'hui, nous les convions à meubler les vacances d'automne par un petit voyage au pays des chênes : la région de Ghardimaou. Il pourrait être intitulé : « Tourisme, Nature, Culture ».
La région est peuplée depuis l'aube de l'humanité : le gisement néolithique de Kef El Agab, situé à 4 kilomètres de Jendouba, les vestiges mégalithiques du Jebel Haîrech, les dolmens de Bulla regia l'attestent. Les Numides ont érigé Bulla regia et Chemtou qui ont été retrouvée sous les pavements datant de l'époque romaine. Des monuments mégalithiques très curieux sont dissimulés dans les broussailles sur les pentes des collines toutes proches de la frontière tuniso-algérienne.
Le nom de Bulla viendrait-t-il du fait que la cité, très influencée par la civilisation carthaginoise, aurait été, un temps, consacrée à Baal ? Est-elle « regia » parce que rattachée au domaine personnel des rois numides ou bien, si l'adjectif « regius » est péjoratif en latin, l'Administration romaine l'aurait-elle nommée ainsi pour rappeler qu'avec Jugurtha, elle se serait voulue « royale » ? Pourquoi conservera-t-elle son statut de ville libre que ne lui enlevèrent ni Marius vainqueur de Jugurtha, ni César triomphant des Pompéens alliés à Juba, dernier roi numide ? L'architecture des maisons « romaines » est très originale. Les rares mosaïques, laissées sur le site, sont un magnifique reflet de l'école locale des mosaïstes.
Chemtou, l'antique Simithus est une colonie fondée par les vétérans de Marius, comme Thuburnica voisine, sur les vestiges d'une bourgade berbère. La superbe « bazina », tombeau « princier » au sein d'une nécropole berbère, trouvée sous le pavement du forum « romain », prouve que la ville numide était importante. Les carrières, couronnées par un temple berbère, le seul exemple d'architecture monumentale numide avec le Kbour Klib, ont certainement été exploitées par les rois : Massinissa et son fils Micipsa avant de fournir des blocs de « marbre numide » à Rome et même à Constantinople !
Les Byzantins, menacés par les Berbères insoumis ont construit au pied du Jebel Haïrech une énorme citadelle. Ses murailles renforcées d'une tour, tous les 25 mètres, entouraient une superficie de plus d'un hectare.
De Chemtou, les vagabonds pourront gagner Thuburnica. Ce bourg ne peut plus, hélas, être visité : le site est occupé par l'armée. Quel dommage ! Indépendamment des vestiges antiques, on pourrait y admirer la grandiose villa construite par le célèbre architecte Marmey, pour un ancien maire de Ghardimaou. Ce dernier a fait construite sa « villa » sur les vestiges antiques en employant des pierres extraites des carrières « romaines » voisines. Elle était approvisionnée en eau par un aqueduc provenant de la source qui alimentait Thuburnica. Pour assurer la pérennité du site, il aurait fait greffer des milliers d'oléastres, restes de plantations romaines.
Hélas, l'armée s'est installée sur le site et l'a entouré d'un grand mur. C'est pour le moins regrettable du point de vue de la culture : il y a certainement, bien d'autres emplacements voisins pour construire un cantonnement militaire. C'est d'autant plus désolant et inexplicable que les directives présidentielles prônent le développement du tourisme culturel en particulier dans l'ouest tunisien. La magnifique villa est intéressante à deux titres : c'est, d'une part, l'œuvre remarquable d'un architecte renommé, d'autre part, une relique de l'ère de l'exploitation coloniale : une « preuve ». De plus, dans le cadre de la politique du gouvernement tunisien visant à développer les initiatives privées, cette villa peut parfaitement être transformée en un véritable « hôtel de charme » - elle a été construite dans ce but ! - et devenir un centre économique régional parce que la région a bien d'autres atouts.

Le parc national d'El Feija
Le Parc National d'El Feija est certainement l'un des lieux les plus beaux de Tunisie en toute saison. Il couvre 2600 hectares environ.
La grande station forestière d'El Feija, à plus de 700 mètres d'altitude, est entourée par une des plus belles forêts du pays.
Le Parc abrite une réserve intégrale destinée au cerf de Berberie : une espèce typique d'Afrique du Nord.
L'altitude, la pluviométrie - la plus forte du pays : de l'ordre de 2000 mm / an ! - la variété des sols et des expositions au soleil ont engendré une flore très variée qui abrite une faune importante : 25 espèces de mammifères, 70 espèces d'oiseaux, 21 espèces de reptiles, entre autres.
Si le cerf de Berberie est l'animal totem du Parc, les sangliers abondent. Porc-épic, chat sauvage, mangouste, genette, renard, chacal et sans doute hyène hantent les sous-bois.
Les oiseaux, sédentaires et migrateurs, sont spécifiques des forêts de feuillus : les pics et les pigeons ramiers troublent le silence des bois. Les rapaces diurnes : buses et éperviers planent dans le ciel. Les hiboux et chouettes glissent silencieusement dans la nuit.
Les chênes zéens et lièges sont les monarques de ces superbes forêts. Ils sont chacun un véritable système écologique : sangliers et cerfs se nourrissent soit de leurs glands soit du lierre qui pousse sur le tronc. Les insectes se glissent sous l'écorce tandis que les chauve-souris dorment dans les trous forés par les pics qui tiennent compagnie aux pigeons ramiers amateurs de glands, aux tourterelles des bois qui y nichent tandis que sur les hautes branches les éperviers guettent leurs proies. Les belettes y recherchent les oisillons au nid et le chat sauvage se gîte dans les cavités de la souche !
On trouve aussi dans ces bois le chêne afarès, devenu rare, le micocoulier, le frêne et le saule le long des ruisseaux. Dans les sous-bois, croissent les arbousiers, les myrtes et des bruyères arborescentes ou méridionales qui tapissent les pentes de fleurettes rose vif en automne. De nombreuses espèces de champignons, souvent délicieux, sortent de terre après les pluies automnales. Au printemps, des orchidées sauvages se protègent de la dent des herbivores sous les touffes épineuses des « gendouls » : les genets aux fleurs d'or.
L'aménagement d'un écomusée intéressant et d'aires de repos devrait satisfaire les visiteurs. Nous regrettons cependant que la construction de l'écomusée à l'intérieur du parc - et non à l'entrée, comme au Jebel Chambi - « autorisent » les visiteurs à la parcourir en voiture ou en moto à moteur hurlant. Une navette tirée par des chevaux pourrait d'autant plus facilement pallier ce défaut que ... des chevaux inutilisés pâturent en liberté à l'entrée du Parc. Il serait souhaitable aussi que les gardes forestiers du Parc puissent aussi servir d' « écoguides » et puissent accompagner les visiteurs sur les nombreuses pistes et aux postes d'observation qui ont été aménagés. Ils pourraient être rétribués par les « touristes ». Mais il n'est pas absolument nécessaire de monter jusqu'au parc d'El Feija pour goûter aux charmes de promenades forestières : une petite route très pittoresque mène au village d'Aïn Soltane qui peut être une halte agréable. On pourrait aussi rester en plaine et se rendre, par exemple, à la mine de Oued Maden. Les forêts des alentours sont superbes et giboyeuses.
On nous demande souvent : « Comment un écolo comme vous peut-il parler de chasse ? ». D'abord, tout simplement, parce que la chaîne écologique ayant été rompue par l'homme, certains animaux qui n'ont plus de prédateurs doivent être « régulés » par l'homme : chasseur ou « garde ». Parlez des sangliers, aux agriculteurs ! Nous pensons aussi qu'une chasse « écologiquement responsable » permet non seulement à la tradition, solidement implantée, de se maintenir et à la population locale d'avoir des revenus en organisant des chasses « touristiques » ou en guidant les chasseurs tunisiens, venant d'une autre région. Un coin à bécasses ne se devine pas, pas plus qu'une remise de palombes, qu'une olivaie dévastée par les grives et les étourneaux ou qu'un passage de tourterelles.
Il serait nécessaire, si les Autorités locales décidaient de développer le « tourisme vert », de faire baliser des sentiers de randonnée en forêt et de les faire entretenir. Des guides locaux rétribués pourraient accompagner les randonneurs et, comme on est en montagne, la location d'un petit âne qui porterait les sacs ne serait pas superflue dans bien des cas.
Pourquoi ne pas développer la « chasse photographique ». Les guides locaux connaîtraient les « observatoires » qu'ils auraient aménagés et y conduiraient les amateurs : nul mieux qu'eux ne connaît la forêt et ses hôtes. L'investissement serait minime : quelques branches soutenant un vieux filet de camouflage.
Ne parlons pas encore d'écotourisme qui exige des guides très compétents et une étude approfondie de l'écologie régionale.

Les réalisations
Un très bel établissement a été construit : « Le Montazah de Bulla regia », à quelques kilomètres du site historique, sur une colline où, naguère, seul un boisement de cyprès essayait d'égayer les barres rocheuses.
Aujourd'hui, un parking précède un portail rustique qui donne sur des allées sinueuses bordées de fleurs et d'arbustes. Elles permettent de gagner sans effort des abris protégeant des intempéries ou des placettes entourées de haies basses fleuries. Des repas copieux, savoureux et peu onéreux y sont servis aimablement dans un certain isolement « naturel ». C'est une réussite.
Ceux de nos lecteurs qui seraient intéressés par les « curiosités » de la région, trouveront à Jendouba, Chef-lieu du Gouvernorat, carrefour de grandes routes au centre d'une très riche agricole et « pôle » universitaire, des hôtels-restaurants tout à fait corrects dont la ville s'est dotée depuis des décades.
Même Ghardimaou n'est plus le bourg du « bout de la ligne » : la gare de la frontière où il fallait changer de train pour continuer son voyage vers l'Algérie. La bourgade d'antan est une petite ville qui grandit vite et qui s'est équipée, il y a déjà quelques années, d'un hôtel dont nous avons apprécié le confort et la nourriture qui y est servie, au cours de plusieurs séjours.
Une autre réalisation pourrait devenir un centre attractif : la ferme « Baraket », du nom d'une ancienne exploitation, de feu M. Bergmann et de son épouse qui continue son œuvre. Elle dispose encore actuellement de bâtiments agricoles, datant de l'époque coloniale, qui ont beaucoup de caractère mais qui réclament beaucoup d'entretien. D'ailleurs de nombreuses « fermes » de la région présentent des caractéristiques analogues et pourraient facilement être transformées en gîtes ruraux, ayant du charme et du caractère, dans le cadre du développement régional du tourisme culturel et « vert ».
A la ferme « Baraket », Madame Bergmann, écologiste convaincue et militante, s'efforce d'élever et de faire prospérer un élevage de plus d'une trentaine de pur-sang arabes issus d'une souche prestigieuse - elle serait d'origine Zénète ! - venus de Maknassi où se tient, chaque année, le « Festival du Pur-sang arabe ». Un étalon de cette lignée : « Bango » est célèbre parmi les spécialistes ? Dans la même ferme, Madame Bergmann élève, avec un soin jaloux, une trentaine des derniers, peut-être, vrais « sloughi » de Tunisie que nous avons défendus, dans un article précédent. Ils sont des représentants d'une spécificité tunisienne, qui tend à disparaître. Chiens très nobles, fidèles sans obséquiosité, bon gardien, très attachés à un seul maître, élégants, chasseurs à la course hors pairs et ... naturellement bons bergers, ils sont hélas en voie de disparition en Tunisie. Ce n'est pas le cas au Maroc et, encore moins, en Espagne où des foules d'amateurs paient très cher pour assister à des chasses organisées. Pour quelles raisons cela n'existe-t-il pas en Tunisie ? Un groupe de cavaliers, montés sur des pur-sang arabes traquant le lièvre avec des sloughis, cela aurait une autre allure, pour des touristes, qu'une mauvaise « danse du ventre ».
Par ailleurs, Madame Bergmann organise, pour les handicapés de la région, des séances d'une thérapie très moderne qui consiste à les mettre en contact avec des chevaux. Une telle initiative devrait être développée, pour le plus grand bien de la population locale et pour d'autres handicapés qui pourraient venir de plus loin et se loger, éventuellement, sur place. Cette initiative réclame aussi des assistants compétents et fournirait ainsi des professions intéressantes à la jeunesse rurale locale. Nous consacrerons à cette « ferme » un article entier plus détaillé : elle le mérite.
Le « bec de canard » de Ghardimaou n'est plus, quoi qu'on en pense, le bout du monde. Les routes existantes permettent de s'y rendre à partir de Tunis en trois heures avec un véhicule moderne, sans excès de vitesse. La région est à moins de 100 kilomètres de l'aéroport international de Tabarka. On peut s'y loger confortablement, en particulier à Jendouba chef-lieu du gouvernorat. Les centres d'intérêts : sites, historiques, Parc National, chasse, randonnées de toutes sortes, tourisme vert en attendant un véritable écotourisme, sont assez nombreux pour pouvoir satisfaire des attentes très variées. La « voie des chênes » est ouverte.


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