La procédure de poursuite de Hamadi Jebali pour avoir livré Baghdadi Mahmoudi à ses bourreaux est enclenchée. Le comité de défense a mis en mouvement l'action publique en déposant dernièrement une plainte auprès du parquet. Les chefs d'accusation invoqués par les avocats de la victime sont notamment : l'enlèvement, la torture et le déplacement d'un prisonnier sans ordonnance judiciaire. Alors que Baghdadi Mahmoudi , subit en ce moment dans le couloir de la mort, une torture morale, ne sachant ce qu'il va advenir de lui au juste, Hamadi Jebali, l'ancien chef du gouvernement de la Troïka, avait demandé depuis le début du mois à être auditionné par les députés au sein même de l'hémicycle, en audience plénière. Prise de conscience ou volonté de révéler la face cachée de l'iceberg ? Quoi qu'il en soit, on n'a pas acquiescé encore à sa demande. Mais qu'aura-t-il à dire plus qu'il n'en a dit à ce sujet ? Il n'a fait que soutenir mordicus que l'extradition de Baghdadi Mahmoudi est tout ce qu'il y a de plus légal, et pour cause il y a une décision de justice dans ce sens, soutient-il. Mais celle-ci devait être entérinée par le président de la République et c'est là où le bât blesse. Les deux présidents de la République qui se sont succédé à l'époque, à savoir Foued Mebazaâ puis Moncef Marzouki, étaient réticents à donner leur accord à ladite extradition. Il est reproché donc à Hamdi Jebali, d'avoir tenu à extrader Baghdadi Mahmoud, coûte que coûte, et contre vents et marées. Il avait même déclaré que Mahmoudi sera extradé, avec ou sans l'accord de Marzouki. Après, les étapes ont été brûlées, avec une simple notification de la décision d'extradition à la présidence de la République, et alors que le locataire de Carthage se trouvait ailleurs. Baghdadi Mahmoudi a été livré à ses bourreaux de manière expéditive, et sans respecter la procédure requise en la matière. Tortures et complicité C'est ce qui a incité le comité de défense à porter plainte pour enlèvement, car cette livraison rapide et contraire à la loi ne peut être qualifiée, selon les avocats de la victime que de kidnapping. Ces derniers invoquent dans leur plainte que leur client a été maltraité pour le forcer à obtempérer aux ordres de quitter le territoire. Le comité de défense de Baghdadi Mahmoudi, tient Hamadi Jebali pour responsable des tortures qu'a subies la victime. Par ailleurs la plainte est dirigée également contre un dénommé Ferjani, responsable du dossier au minsitère de la Justice. C'est lui qui se serait déplacé jusqu'au centre de détention où se trouvait Baghdadi Mahmoudi, pour l'obliger manu militari à suivre la police afin d'être extradé en Libye. Parmi le comité de défense de Baghdadi Mahmoudi, Béchir Essid avocat tunisien, Karim Khan avocat britannique, Clémence Witt avocate française, avaient affirmé au cours d'une conférence de presse tenue à Tunis : « Nous avons des enregistrements de conversations entre trois figures du pouvoir installé à Tripoli, à savoir Nouri Bousahmine, Abderrahmane Souilhi et Seddik Essour dans lesquelles ils traitent le groupe pro-Kadhafi, comparant devant le tribunal de Tripoli, de chiens et affirment qu'ils seront condamnés à mort et que la sentence sera appliquée deux mois après la délibération » C'est ce qui a motivé davantage le comité de défense à agir contre Hamadi Jebali et le fonctionnaire du ministère de la Justice, pour extradition illégale. En vertu d'un principe intangible du droit international : on n'extrade jamais dont on a la certitude qu'il s'expose à des exactions par le pays demandeur. Que dira Hamadi Jebali pour sa défense ? D'autant plus qu'on n'a pas encore satisfait à sa demande consistant à s'expliquer devant les députés, en séance plénière. Saura-t-on un jour la vérité sur ce dossier présentant beaucoup de zones d'ombre ? Wait and see.