Le Comité de défense dans l'affaire de l'ancien premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi, a organisé, hier, à Tunis, une conférence de presse, avec la participation de plusieurs avocats membres du Comité, de Tunisie et au niveau mondial, et en présence de nombreuses personnalités, de juristes, et des membres de sa famille. La rencontre a été tenue dans le cadre des efforts déployés par le comité de défense pour la mobilisation de l'opinion publique en vue de s'opposer à la mise en application de la condamnation à mort prononcée, le 28 juillet, en Libye, contre Baghdadi Mahmoudi, et autres responsables de l'ancien régime, de la part d'un tribunal suspect relevant du gouvernement de Tripoli, du fait que son procès n'a pas été équitable et a été présidé par une Instance non judiciaire relevant du gouvernement de Tripoli non reconnu par la communauté internationale. L'avocat Mabrouk Kourchid a indiqué que la sentence de la peine capitale prononcée contre Baghdadi Mahmoudi n'a pas émané d'une Instance judiciaire et n'a pas été prononcée par des magistrats, ajoutant que les membres de la famille de Mahmoudi et les avocats du comité de défense annoncent à cette occasion qu'ils sont en possession de preuves constituées d'enregistrements sonores de trois personnes libyennes, trois jours avant la prononciation du jugement, qui ne sont ni parties prenantes à l'affaire ni membres du tribunal, à savoir Nouri Bousehmine, président du Parlement du gouvernement de Tripoli, Abderrahmane Souilhi, un puissant de la région de Misrata et Seddik Sour, lesquelles personnes déclarent explicitement dans ces enregistrements, que la condamnation à mort sera prononcée contre Baghdadi Mahmoudi et les autres anciens responsables libyens et que la sentence sera exécutée dans les deux mois qui suivent. Il a ajouté que le comité de défense met en garde ces trois personnes contre la mise à mort de Baghdadi Mahmoudi et les autres responsables libyens et estime qu'il s'agit d'une décision politique et militaire qui n'a rien à voir avec la justice. Il a poursuivi que tout le monde sait, et le comité de défense en a les preuves matérielles, que Baghdadi Mahmoudi a été transformé en marchandise à vendre et à acheter , dans la prison de Mornaguia, sous le gouvernement de la Troika, dirigé par Ennahdha, et qu'il avait été victime d'un chantage odieux afin qu'il révèle les secrets gouvernementaux qu'il connait concernant l'ancien régime, mais quand il a refusé de se soumettre à ce chantage , il a été décidé de l'extrader en Libye et de le remettre à certaines parties non officielles en juin 2012, en vertu d'un décret signé par le chef du gouvernement et secrétaire général d'Ennahdha, à l'époque, Hamadi Jébali, mais que les anciens présidents de la République Fouad Mbazâa et Moncef Marzouki avaient refusé d'entériner et de parapher, et ce sur la base d'une décision de la chambre de mise en accusation de la cour d'appel de Tunis, qui constitue un avis et non pas un jugement obligatoire pour les autorités politiques comme il avait été dit à l'époque et comme on le dit, ces jours ci, afin de justifier l'extradition, de sorte que la procédure d'extradition est illégale. Nouvelles révélations Mabrouk Kourchid a ajouté qu'aux yeux du comité de défense, il y a eu, dans l'affaire de Baghdadi Mahmoudi, des crimes qui ont été commis par certains responsables tunisiens , notamment Hamadi Jébali qui a signé le décret d'extradition, et que le comité de défense a décidé de le poursuivre en justice et d'intenter une action pénale à son encontre, ainsi qu'à l'encontre de Sayed Ferjani, ancien conseiller au ministère de la justice pour son implication dans le chantage dont a été victime Baghdadi Mahmoudi, en permettant au directeur des services de renseignements libyens de rendre visité à Baghdadi Mahmoud dans sa cellule dans la prison de Mornaguia. Le comité de défense a décidé de poursuivre tous ceux qu'il estime être coupables, tandis que le comité de défense international fera tout son possible pour annuler l'application de la condamnation à mort. Des actions seront intentées sur le plan international contre les coupables d'atteintes à l'intégration physique et morale de Mahmoudi, notamment sa torture. Dans ce même contexte, Houcine Hamrouni, un des membres de la famille de Mahmoudi, a indiqué qu'il a été décidé de s'adresser au président de la République Béji Caid Essebsi, pour qu'il entoure l'affaire de Baghdadi Mahmoudi de l'intérêt requis et ordonne l'ouverture d'une enquête à son sujet. Cependant , dans un film documentaire projeté, lors de ce point de presse, Béji Caid Essebsi s'est montré enthousiaste pour l'extradition de Baghdadi Mahmoudi , au cours de l'entretien secret qu'il avait eu avec Hamadi Jébali, en décembre 2011, pendant la cérémonie de passation des pouvoirs. L'avocat Maher Amid a révélé qu'après le refus de Fouad Mbazâa et de Moncef Marzouki, d'entériner le décret d'extradition, il a été convenu avec Moncef Marzouki de libérer Baghdadi Mahmoudi et de le transférer dans un logement à louer à cet effet, jusqu'à ce que la situation se clarifie, mais la procédure de son extradition a été accélérée. Il a ajouté que Baghdadi Mahmoudi n'a pas été remis à l'Etat libyen à l'époque sous la conduite du conseiller Mustapha Abdeljélil, qui avait, au contraire, demandé de différer son extradition et de le libérer de prison afin de le transférer à une résidence proche d'une clinique pour être soigné, de sorte que la partie à laquelle a été remis Baghdadi Mahmoudi, n'était pas une partie gouvernementale mais des gens qui voulaient sa mort. Il a indiqué que nous sommes en possession de preuves à ce sujet, déposées auprès d'un notaire, estimant que la décision de la chambre de mise en accusation qui a servi d'argument juridique à l'extradition n'est pas un jugement obligatoire et qu'il faut s'opposer à l'application de la condamnation à mort et poursuivre en justice les coupables. L'avocat britannique Karim Khan et la représentante du président du barreau de Paris, Clémence Witt, ont soutenu que le procès de Baghdadi Mahmoudi n'a pas été équitable et qu'on n'avait pas permis aux avocats étrangers d'assister aux audiences et de faire des plaidoiries, alors que les chefs d'accusation retenu contre Baghdadi Mahmoudi étaient généraux et ne reposaient pas sur des preuves matérielles tangibles.