Après avoir croisé le fer durant plusieurs mois au cours l'année scolaire écoulée, le Gouvernement et l'Union Générale Tunisienne du travail (UGTT) semble désormais avoir choisi la voie du dialogue. Bien que la croissance économique soit en berne en raison notamment de la chute de entrées touristiques consécutive aux attaques terroristes de Bardo et de Sousse et de l'attentisme des investisseurs locaux et étrangers, le mot d'ordre est maintenant à l'apaisement. Dans ce cadre, l'exécutif a jusqu'ici fait des concessions parfois douloureuses. Il a décidé en premier lieu, d'annuler les prélèvements des jours de grève sur les salaires des directeurs d'école et des instituteurs, au risque d'encourager les débrayages dans plusieurs secteurs. Le gouvernement a également donné son feu vert à l'octroi de primes spécifiques à l'ensemble des fonctionnaires. La commission bipartite 4+4 (quatre représentants du gouvernement et quatre représentants de l'UGTT) tient aussi depuis plus d'une semaine des réunions quotidiennes pour parvenir à un accord sur les augmentations salariales dans la fonction et le secteur publics. Ces réunions marathons devraient être couronnées par la signature d'un accord global le 7 septembre au Palais de Carthage lors d'un sommet qui se tiendra sous la présidence du Chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi. Ce sommet devrait rassembler le Chef du gouvernement, Habib Essid, le président de l'Assemblée des Représentants du Peuple, Mohamed Ennaceur, le secrétaire général de l'UGTT, Hassine Abassi, la présidente de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), Wided Bouchamaoui et le ministre directeur du cabinet présidentiel, Ridha Belhaj. Par ailleurs, la crise entre le ministère de l'Education et le Syndicat général de l'enseignement de base serait sur le point de connaître son épilogue. Le ministre de l'Education Néji Jalloul a fait état , hier, de «négociations sérieuses et avancées» au sujet des revendications des instituteurs. La commission 4+4 se penche aussi sur l'examen des revendications des agents de la santé publique qui menacent à nouveau de débrayer et de paralyser les hôpitaux. Marge de manœuvre budgétaire C'est dire que le gouvernement s'échine à acheter la paix sociale grâce à la marge de manœuvre budgétaire que lui permet la baisse des prix du pétrole sur le marché international sous la barre de 40 dollars. A l'inverse, l'UGTT ne semble rien lâcher. La puissante centrale syndicale a en effet appelé, vendredi dernier, au retrait du projet de loi relatif à la réconciliation économique et financière. Elle a souligné, dans un communiqué rendu public à l'issue d'une réunion de sa commission administrative nationale, son attachement au principe du consensus, au respect de la Constitution et de la loi sur la justice transitionnelle. L'UGTT a, d'autre part, réitéré hier son opposition au projet de loi relatif au relèvement volontaire de l'âge de départ à la retraite pour les fonctionnaires et les salariés des établissements publics. «Nous avons été surpris par l'adoption de ce projet de loi vu que la question de le prolongement de l'âge du départ à la retraite fait toujours l'objet d'un débat au sein de la commission de la protection sociale issu du pacte national signé en janvier 2013, et qui regroupe des représentants du gouvernement, de la centrale syndicale et de l'Union Tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA)», déclare le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé de la couverture sociale, Abdelkarim Jerad «Cela est d'autant plus surprenant que les trois partenaires sociaux se sont mis d'accord sur le fait que cette commission mixte est l'unique partie habilitée à prendre des mesures concertées et consensuelles en ce qui concerne la réforme des régimes de sécurité sociale», a-t-il ajouté, indiquant que l'UGTT pourrait boycotter les travaux de la commission de la de la protection sociale au cas où le gouvernement s'obstine à soumettre le projet de loi controversé à l'Assemblée des représentants du peuple. A noter que l'UGTT et l'UTICA ont convenu, sur un autre plan, de préparer ensemble un accord-cadre sur les négociations sociales qui concernent 1,3 million de salariés dans le secteur privé. L'accord a été conclu à l'issue d'une récente réunion entre la présidente de l'organisation patronale Wided Bouchemmaoui, et le secrétaire général de la centrale syndicale, Houcine Abassi, qui a été consacrée à l'examen des grandes lignes des négociations sociales portant sur 52 conventions sectorielles. L'élaboration de l'accord-cadre a été confiée à une commission mixte qui a entamé son travail le 27 août.