Attendue depuis une semaine, la manifestation contre la loi sur la réconciliation économique a finalement eu lieu au cours de l'après-midi d'hier. Alors qu'elle était supposée regrouper le Front populaire, le Courant démocratique, Al Jomhouri, Ettakatol, le Mouvement du Peuple et le CPR, la manifestation a été divisée la veille de sa tenue : le Front populaire, accompagné par Al Massar, a en effet préféré commencer plutôt son rassemblement. Ainsi, vers les coups de 14 heures, les militants du FP et d'Al Massar ont débuté leur rassemblement à l'avenue. Au début du cortège, on a pu apercevoir Hamma Hammami, Zied Lakhdar, Mongi Rahoui, Jilani Hammami et Zouhaier Hamdi. Le rassemblement a pris la direction du ministère de l'Intérieur en partant de la statue d'Ibn Khaldoun. Quelques minutes après, les dirigeants se sont retirés et les militants se sont dispersés. A 15 heures tapantes, et toujours du côté de la statue d'Ibn Khaldoun, les partis Al Jomhouri, Ettakatol et le Courant démocratique ont commencé leur rassemblement avec quelques 400 personnes selon une source policière présente sur place. A la tête du cortège se trouvaient Mustapha Ben Jaâfar, Issam Chebbi, Maya Jeribi, Om Zied et Mohamed Abbou. La destination de cette deuxième manifestation a été le ministère de l'Intérieur. Là encore, le rassemblement s'est dissipé en l'espace de quelques minutes. De l'autre côté, en face du théâtre municipale, une centaine de jeunes se sont rassemblés avec des slogans du type ‘Ennahdha et le Nidaa sont les ennemis des martyrs' ou encore ‘les jeunes restent en chômage tandis que les riches corrompus continuent à être plus riches'. A ce rassemblement, une affiche a été bradée par plusieurs personnes : ‘Nous soutenons l'Instance Vérité et Dignité'. Pour les gens du CPR, il nous a été difficile de les repérer puisque le matin même de la manifestation, le secrétaire-général du parti, Imed Daimi, a demandé aux manifestations de ne porter que les drapeaux de la Tunisie et d'éviter de s'afficher en tant que militants du CPR. Une éventuelle stratégie de se fondre dans la foule afin que le nombre des CPR ne soit pas comparé à celui des autres partis politiques. N'ayant pas pu approcher les dirigeants, nous nous sommes dirigés vers quelques participants aux manifestations afin de connaître leur avis sur le texte de la loi en question. Les réponses ont été, pour le moins, vagues. En effet, la totalité de ceux à qui nous avons posé la question, ils étaient en totalité une quinzaine, rétorquaient avec des réponses toutes faites du type ‘on veut nous forcer à accepter le retour de l'ancien régime' ou encore ‘nous sommes contre ce texte parce qu'il ne contient aucune close envisageant la punition sévère des corrompus'. Quelques minutes après, nous avons été approchés par deux dames qui nous ont demandé la raison des manifestations. Après notre réponse, l'une des dames nous a confié être sortie de chez elle avec la somme de cent dinars pour acheter quelques fournitures scolaires pour ses deux enfants. Les cent dinars ne lui permettent d'acquérir que quelques fournitures nullement suffisantes pour la rentrée scolaire. Insistant pour que nous passions son message, la dame a tenu à appeler ‘tous ceux qui nous gouvernent à trouver une solution urgente pour stopper le drame que nous vivons'. Côté sécuritaire, un déploiement policier spectaculaire a été mis en place au niveau de tous les accès de l'avenue Habib Bourguiba : à chaque accès, quatre policiers s'occupaient de fouiller les sacs de tous les passants. Ces manifestations ont pour objectif d'amener la présidence de la République à retirer le projet de loi sur la réconciliation économique et financière. Ce même texte a été présenté à la Commission de la législation générale au cours de la semaine précédente. Par ailleurs, le chef de l'Etat, Béji Caid Essebsi a rencontré, entre autres, le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami pour lui renouveler l'intention de la présidence de tenir compte de toutes les modifications qui peuvent être faites au niveau du texte de la loi en question.