A l'occasion de la rentrée politique et scolaire, le mouvement d'Ennahdha a publié un communiqué faisant office d'un compte-rendu des différentes prises de position du mouvement quant à l'actualité du pays. Concernant les divergences provoquées par le projet de loi de la réconciliation économique et financière, Ennahdha a se montre résolu à continuer dans sa stratégie de politique consensuelle. Ainsi, et tout en insistant sur l'importance de la garantie du droit de la liberté d'expression et des manifestations, le mouvement islamiste a appelé les partis politiques qui s'opposent audit projet à opter pour les discussions au sein de l'Assemblée des Représentants du Peuple plutôt que de choisir la rue alors que le pays vit toujours sous les menaces terroristes. En ce qui concerne le volet économique et social, Ennahdha a expliqué que les partis de la coalition au pouvoir – à savoir Nidaa Tounes, Ennahdha, Afek Tounes et l'Union patriotique libre – doivent uniformiser leurs programmes et visions afin que le secteur puisse reprendre du pied. Par ailleurs, le mouvement a appelé tous les partis politiques et toutes les composantes de la société civile à s'unir et débattre tout en évitant les confrontations inutiles et les défis qui ne peuvent que nuir à l'intérêt général de la Tunisie. Le point le plus incisif dans le communiqué est celui qui traite de la politique du ministre des Affaires religieuses, Othman Battikh. En effet, Ennahdha a expliqué que le ministère des Affaires religieuses est en train d'appliquer une stratégie servant d'instrument pour la radicalisation des jeunes. Toujours selon Ennahdha, les licenciements aléatoires qu'effectue le ministère peuvent être interprétés par certains jeunes comme étant une hostilité de la part de l'Etat à l'égard de l'Islam. Affirmant que ces pratiques ne sont que l'héritage de l'ancien système, le mouvement islamiste a tenu à rappeler que cela peut créer une atmosphère de haine au sein des lieux de culte. Il semblerait que la politique du ministre des Affaires étrangères ne dérange que le mouvement d'Ennahdha et quelques autres mouvances extrémistes – on a vu plusieurs rassemblements de salafistes devant le ministère en question pour protester contre le limogeage de quelques Imams radicaux – puisque ce sujet n'a été abordé par aucun autre parti. Cela nous amène à nous poser de sérieuses questions quant aux intentions d'Ennhdha et surtout de Rached Ghannouchi qui tente, depuis son alliance avec Nidaa Tounes, de faire comprendre à l'opinion publique qu'Ennahdha veut s'imposer une nouvelle ligne politique civile loin de toute idéologie. Mais celui qui a, à une époque pas aussi lointaine que cela, qualifié les salafistes de porteurs d'une nouvelle culture pour le peuple tunisien, tout en insistant sur le fait qu'ils lui rappellent un brin de nostalgie de sa propre jeunesse, ne peut semblerait-t-il pas les renier de sa politique aujourd'hui et ce n'est pas faute de bonne foi ! Par ailleurs, et à travers cette critique sans concession, Ennahdha met en question une stratégie adoptée non seulement par le ministère des Affaires religieuses mais par toute l'équipe gouvernementale d'Habib Essid dont le mouvement islamiste fait justement partie... Le manque d'harmonie au sein du gouvernement a été constaté à plusieurs reprises. Avec ce genre de critiques, il nous est plus visible de conclure que les partis de la coalition au pouvoir ne peuvent unir leurs visions ni sur le plan économique, ni social ni sécuritaire ni nul autre plan (contrairement aux indications du communiqué d'Ennahdha).