Après le Prix Nobel de la Paix qui nous a fait chaud au cœur alors que personne ne l'attendait, nous voilà encore récompensés par d'autres distinctions le prix de « l'International Crisis Group » américain, à MM. Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, puis le prix du « National Démocratic Institute » accordé à des personnalités tunisiennes de divers partis dont l'incontournable Ennahdha, chouchou et objet de tous les « satisfecits » américains, qui y voit le modèle de l'Islam politique intégré au système démocratique et confortant leur modèle du « Nouveau Moyen-Orient », ainsi que leur thèse que la démocratie pluraliste est possible en terre d'Islam ! Enfin, n'oublions pas le Goncourt au Bardo ! Mais, attention, il va falloir gérer quelque part tout ce processus, de peur d'avoir la « grosse tête » et une indigestion. D'autant plus que nous sommes bien rassasiés de « tableaux d'honneur » démocratiques et islamistes, mais nous avons faim économiquement et l'adage romain disait déjà, il y a bien longtemps : « Primo Vivéré... Secondo Philosophari » ! Aucune Démocratie naissante au monde, ne peut se prolonger dans la durée, quand les peuples sont démunis et fragilisés, vivant le chômage et le seuil de la pauvreté. L'Imam et Calife, Ali, cousin du Prophète vénéré (S.A.WA.S), nous rappelait à titre préventif à l'aube de l'Islam « Attention... al fakr kafer » (la pauvreté est impie !). Beaucoup de pays, même non musulmans, n'arrivent pas à consolider la Démocratie politique parce que l'économie ne suit pas et parce que depuis la nuit des temps l'argent est le nerf de la guerre mais aussi de la paix. Allez au Pakistan vous comprendrez ! Ceci me rappelle une anecdote vécue du temps de feu Mohamed Mzali, ancien Premier ministre et ministre de l'Education nationale, pendant une longue période et qui était fondateur de la revue littéraire, maintenant éteinte, et c'est bien dommage, « El Fikr » (l'Esprit). Nous assistions à un dîner honoré de sa présence avec des intellectuels et des journalistes et notre confrère très populaire feu Ahmed Boughnim, flanqué du titre honorifique de « Secrétaire général des journalistes arabes », parlait de la condition misérable des journalistes tunisiens et arabes... (Tiens, mon ami Si Néji Bghouri, apprécierait) ! en citant son propre exemple et sa propre personne, puisqu'il était locataire, et non propriétaire, il n'avait pas de voiture et était abonné aux taxis et au métro et qu'il arrivait à peine à joindre les deux bouts avec un salaire ahurissant de 450D/mois, alors qu'il était rédacteur en chef-adjoint à l'Agence nationale, TAP. (Allah yarhmek ya Ahmed). Le Premier ministre, Mohamed Mzali s'empressa de répondre tout en finesse : « Oh... Ahmed, la plupart des génies littéraires et artistiques, les grands peintres, les grands poètes étaient pauvres et démunis » ! Et Boughnim de lui répondre, dans un style unique : « Oui, M. le Premier ministre, quand j'aurai faim je mangerai la Revue El Fikr » (Ki njoua taw nakol Majellet El Fikr) ! Cette anecdote pourrait, malheureusement, résumer notre situation actuelle. Nous avons les honneurs du monde qui compte, celui des puissances aisées de par le monde, parce que nous avons été le « bon élève », appliqué et discipliné aux ordres quand il s'agit de faire les gendarmes en Méditerranée contre l'émigration clandestine vers l'Europe, mais, totalement laissés sur le bas côté par le G8 et nos amis des démocraties européennes et occidentales ! Alors, quand nos jeunes chômeurs auront faim et quand nos régions intérieures souffriront de la précarité, ils mangeront « les prix d'honneur » que nous auront accumulés pour notre œuvre démocratique unique en terre d'Islam. Finalement, celui qui a tout compris, c'est bien notre frère et ami M. Taïep Erdogan, Président de la Turquie et grand manœuvrier, dont le pays a été quelque part mis en marge de l'Union Européenne et qui a ouvert toutes grandes les vannes de l'émigration à partir de ses frontières vers l'Europe ! Aux dernières nouvelles, l'Union européenne est en train de réviser sérieusement sa politique avec la Turquie et pourrait même accélérer le processus d'intégration du pays de Kamel Attaturk à l'Union européenne ! Tampon par Tampo, il vaut mieux que la Turquie fasse le tri et pas la Slovénie ! Entretemps, contentons-nous d'ouvrir nos hôtels, qui souffrent les martyrs au « tourisme religieux » car il faut bien survivre et qui sait, le « Calife » El Baghdadi de l'Etat islamique, pourrait même envisager des vacances chez nous ! K.G