Nous reprenons, malgré la pression de l'événementiel, notre réflexion sur la transition qui vient de souffler sa première bougie après les élections du 23 octobre 2011. Une année éreintante pour les nerfs où la Nahdha, nouveau pôle ascendant du pouvoir politique nous a donné le vertige parce que tout en sachant, elle, où elle va (revoyez la vidéo de Rached Ghannouchi), ses leaders se sont succédés sur les antennes et sur les ondes du pays et du monde occidental, pour souffler le chaud et le froid. En effet, aussi bien M. Ghannouchi que M.Jebali, que M. Laârayedh, que M. Dilou sans compter les composantes du sous-système du parti islamiste à la Constituante et dans la société civile, tous sans exception nous ont promené de la démocratie classique héritière de la Grèce antique, à la démocratie turque à la sauce d'Erdogan, à la démocratie islamique iranienne signée Ahmed Nijad Allah, et le tout arrosé par ce projet de «démocratie islamique tunisienne » qui sera certifié «Iso» et qu'on aura le plaisir et l'honneur d'exporter vers l'ensemble du monde arabe et musulman ! De Gaulle aurait dit dans son humour cinglant : «Vaste programme mon ami ! ». Nous avons navigué sur ce bateau « ivre » de certitudes en « certitudes » tout le temps remises en cause et en question par les uns et par les autres, sur les mers troubles tantôt de la démocratie civile et l'Etat de droit avec l'égalité des femmes et des hommes, la liberté de la presse sacralisée comme par enchantement et tantôt d'un régime qui roule vers la Chariaâ, contrôlé par les milices de la protection de la révolution (sic) qui sèment la peur et la terreur à Tataouine à Sfax, à Gabès à Jendouba, à Bizerte, à Tunis, etc... La presse, pourtant appréciée par 67% des Tunisiens, a subi, elle aussi, les humeurs du nouveau pouvoir ascendant à tel point qu'on ne sait plus sur quel pied danser. Un jour elle est diabolisée et classée « « presse de la honte » et un jour elle est déclarée « libre » donnant encore une fois la preuve que nous sommes bien en démocratie irréversible ! Pour nous, qui sommes des adeptes d'El Jahedh, le grand philosophe arabo-persique, et qui disait « Layça yachfini illa al mouaâyanah », nous ne croyons qu'à la science et à l'analyse du contenu. Il n'y a pas un jour que Dieu a créé dans cette transition où il n'y avait pas sur antenne, sur les ondes, sur les écrans de la Télévision publique et privée, un représentant, de la Nahdha, souvent, de haut niveau, dans la hiérarchie gouvernementale et du parti, pour expliquer ou répondre à ses adversaires et détracteurs, en prenant souvent un temps de diffusion supérieur à tous les autres intervenants – c'est dire l'injustice avec laquelle la presse tunisienne est traitée par Ennahdha et la dernière en date par cette illustre inconnue députée à l'ANC, qui a diffamé en long et en large le Syndicat national des journalistes. C'est digne de cet adage populaire : « Essahafa met-takla wa madhmouma » (la presse est bien consommée mais dénigrée) ! Mais cette transition, malgré tous ses dérapages, a été très instructive pour les Tunisiennes et les Tunisiens. D'abord, nous sommes tous vaccinés quant à la propagande des partis ascendants dont le seul objectif est de conserver le pouvoir et non de le partager. Aux prochaines élections si elles ont lieu, nous disons cela, parce que M. Mohamed Abbou, Secrétaire général du CPR, après nous avoir rappelé que nous risquons la peine de mort, si nous manifestons le 23 octobre et après pourquoi pas, il a plaidé rien qu'avant-hier, sur un des plateaux de la « presse de la honte » (resic) qu'il est favorable à une transition de trois ans et pourquoi pas une... décennie... tant qu'on y est ! Allons doucement, nous sommes pressés (n'est-ce pas M. Talleyrand !). Donc, aux prochaines élections, les citoyens de ce pays doivent bien lire les programmes des partis, avant de voter parce que les électeurs naïfs que nous étions, en octobre 2011, avons cru sur parole, les partis, quand ils ont avancé leur projet de démocratie politique pour ce pays avec toutes ses composantes universelles : la séparation des pouvoirs, la sacralité de l'individu, la liberté de presse et d'opinion, et surtout l'alternance pacifique au pouvoir etc..., et quand ils ont « juré » que la transition constitutionnelle ne dépassera pas un an ! Pis que cela, la concurrence politique au lieu d'être pacifique et loyale, a élu domicile chez les adeptes du « gourdin » et des longs couteaux parmi les « protecteurs » anté-islamiques de la Révolution, qui viennent d'assassiner un père de famille de six enfants à Tataouine pour le seul crime d'appartenir à Nida Tounès! Par conséquent, cette transition a permis aux citoyens tunisiens de « savoir » comme disait Mitterrand au pape avant de mourir : « Quand je rencontrerai Dieu, je lui dirai... maintenant... je sais » ! Notre destin est entre nos mains et c'est nous qui allons déposer les bulletins de vote en 2013, je l'espère. Soyons optimistes et bons-enfants car, finalement, le pouvoir est éphémère « wa law damat li ghaïrika, la ma alat ileïk » (si le pouvoir était éternel pour tes prédécesseurs... il ne serait pas arrivé jusqu'à toi), disait l'Imam Ali, 4ème calife et cousin du Prophète vénéré. Au-delà des pouvoirs... la Tunisie est debout et elle est éternelle ! A nous de l'aimer, de ne pas la traumatiser davantage et de faire en sorte qu'elle soit toujours à l'avant-garde, afin d'avoir la place qu'elle mérite dans ce siècle et les siècles à venir ! La démocratie se mérite... et jamais depuis Carthage nous n'avons été si près de la mériter ! Alors... !