Démantèlement hier matin d'un réseau international de passeurs de migrants clandestins. Trente personnes ont été arrêtées. L'embarcation utilisée pour le voyage, trois véhicules ainsi que d'importantes sommes d'argent ont été saisis. La police judiciaire Sfax Nord a frappé un grand coup hier mardi 17 novembre 2015, au petit matin dans la localité d'El Amra, en mettant fin aux activités d'un réseau international de passeurs de migrants clandestins par voie maritime, qu'il s'agisse de migrants tunisiens ou même d'étrangers. Selon une source sécuritaire, au cours de l'opération, les agents ont arrêté le passeur principal et trois de ses complices, le commandant du bateau, faisant l'objet de deux mandats de recherche, ainsi que 30 personnes dont un couple accompagné de ses deux enfants âgés respectivement de trois et quatre ans. De quoi laisser d'autant plus pantois que les parents n'ont accordé aucune importance aux dangers auxquels ils exposent leurs enfants, avec le temps qu'il fait en ce mois de novembre, sachant que la mère aurait déclaré que la situation matérielle de la famille n'était pas si dramatique que n'aurait laissé penser ce saut dans l'inconnu. Une dizaine de personnes arrêtées sont originaires de la région de Mahdia, une autre dizaine provient de la région de Gafsa, tandis que le reste est domicilié dans d'autres gouvernorats tels que ceux de Monastir et de Jendouba. Par la même occasion, trois véhicules utilisés dans le transport des candidats au voyage ainsi que l'embarcation ont été saisis en plus d'importantes sommes d'argent en dinars tunisiens et en devises. Selon la même source sécuritaire, la surveillance des faits et gestes des membres du réseau de passeurs durant toute une semaine a permis de faire échec à la tentative d'embarcation aux toutes dernières minutes, dans la mesure où l'organisateur du voyage ainsi que quatre de ses complices qui vivent à l'étranger, ont été surpris juste au moment où ils s'apprêtaient à monter à bord de l'embarcation. On apprend que les passeurs tenaient à agir dans la discrétion la plus totale. A cet effet, ils utilisaient de faux papiers, se faisaient attribuer des lignes téléphoniques avec de fausses identités et se faisaient connaître sous de curieux surnoms tels que « Erray », « El Khatoui » ou « Hriza » pour éviter de se faire prendre. L'un d'entre eux est, dit-on, un ancien résident en Allemagne d'où il aurait été expulsé au terme d'un séjour de 17 ans, pour s'être rendu coupable du délit de vol. Dans ce fait divers, apparemment assez anodin, il y a des détails troublants qui ne laissent pas indifférent et qui font revêtir au comportement de la trentaine de « kamikazes » une dimension profondément dramatique mais également énigmatique, incompréhensible voire même déconcertante ! En effet, l'on se retrouve en panne d'explication face au comportement criminel de ce couple de parents qui ne semblent pas donner le moindre prix à la vie de leurs enfants et face à l'inconscience de deux jeunes dont l'un avait falsifié un chèque au nom de son père et dont l'autre avait volé et vendu les bijoux de sa mère pour disposer du prix du voyage de la mort !