Selon la définition de l'Unesco « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » Qu'en dites-vous de la culture du travail ? Elle n'est paraît-il pas le propre des Tunisiens qui semblent être de fervents adeptes du « doucement le matin pas trop vite le soir. » Les entreprises tunisiennes se plaignent souvent de la flânerie, du manque d'engagement et d'implication au travail. Hors l'antithèse à cette paresse qui est l'addiction au travail, est paraît-il un phénomène ou mauvaise habitude crié à juste titre par les psychiatres qui y trouvent une maladie psychologique dont les retombées sont néfastes. Par addiction, nous entendons cette obsession, cette passion impulsive dans le travail. L'addiction au travail qui est un comportement déviant est loin de mécontenter les employeurs qui y voient même un signe positif, de bon aloi. Le problème c'est que cette addiction est une sorte de maladie psychologique dont les conséquences sont nuisibles. Ce fléau, qui est en augmentation massive, et est encouragé en fait par des employeurs poussés par le désir du gain et du profit immédiats, aux moindres coûts. Ils n'y voient aucune objection. Il est évident que l'organisation, à travers la culture qu'elle promeut, est responsable de l'addiction. Mais elle n'est pas la seule ! La personne obsédée par le travail est elle-même malade, elle se pousse à surpasser ses objectifs fixés. L'employé ne peut se soustraire à ses obligations et devoirs, il devient de la sorte fortement aliéné à ses activités dont il devient l'esclave. Lorsque l'entreprise méprise la flânerie et encourage l'addiction tout en fermant les yeux sur ce genre de comportement, montre que l'organisation est elle-même malade et sous pression. C'est l'activité qui contrôle l'employé. Peu importe si elle est bénéfique ou maléfique. Il se retrouve piégé par cette activité qui domine tout son espace et son temps. Le « drogué de travail » ne connaît pas de limites ! Le travail prime même s'il est chez lui. Ainsi, le soir comme le week-end et même les vacances n'arrive pas à déconnecter du travail, est incapable de lâcher son téléphone et son ordinateur portable et il s'enferme à traiter soigneusement les piles de dossiers devant lui. Même lorsqu'il travaille peu, il se sent coupable et obligé de travailler et il devient maniaque de la qualité du travail qu'il produit. Au final il vit boulot, il mange boulot et il dort boulot ! L'individu présentant une passion obsessive subit un combat interne avec lui-même et contre lui-même, une pression qui l'éloigne de plus en plus de son entourage. Cet individu devient aussi bien dangereux pour lui-même que pour son organisme. Sur le plan personnel, le sujet souffre des maladies physiques citons à titre d'exemple le manque de sommeil et les maux de dos... et des maladies psychologiques induisant à des conséquences désastreuses. Il vit une détresse, une angoisse et une agressivité. Son lien social et familial devient appauvri. Pour l'obsédé, le travail est une priorité au détriment de ses responsabilités conjugales. Il a tendance à se détacher de ses rôles et de s'oublier. Le conjoint et les enfants n'arrivent pas à le comprendre, ils se sentent abandonnés. Les relations conjugales et parentales se compliquent peu à peu et l'addiction dans ce cas peut mener au divorce et la dépression des enfants. Dans le cadre professionnel, le salarié « addict »a du mal à s'adapter aux différentes tâches. Il est toujours insatisfait. Il est incapable de travailler en groupe, trouve de difficultés à déléguer le travail et il ne supporte pas les activités routinières. Dans une situation susceptible de présenter un danger grave, l'intérêt pratique est de permettre aux managers d'intervenir pour apporter les mesures appropriées et donner les instructions adéquates afin de préserver les employés du risque identifié. L'accompagnement par un psychothérapeute peut résoudre le problème. Monia Ben Houria