La semaine dernière, une femme enceinte est décédée à l'hôpital régional de Tataouine et ce suite à une complication qui exigeait l'intervention d'un médecin réanimateur. Le problème c'est que l'hôpital en question ne comprend pas de médecin réanimateur au sein de son équipe médicale mais uniquement un médecin généraliste. Ce manque d'effectif a valu à la femme sa vie et celle de son foetus. Ce cas n'est malheureusement pas isolé puisque quarante-huit heures avant, une autre femme est décédée pour les mêmes raisons dans un autre hôpital régional: rien qu'en 2015, quatre femmes sont décédées en accouchant dans les hôpitaux régionaux. Bien que le problème du manque des médecins spécialistes dans ces hôpitaux soit connu de tous, aucun gouvernement postrévolutionnaire ne s'est penché sérieusement sur la question. Du temps de la Troïka, Ali Laârayedh avait promis la construction d'un hôpital universitaire dans la ville de Medenine mais rien n'y a été fait. Intervenant sur les ondes de la radio Mosaïque FM, le ministre de la Santé publique, Saïd Aïdi, a exprimé sa tristesse quant à cet incident tragique. Il a cependant assuré que le ministère a mis en place les procédures nécessaires afin de répondre aux besoins de tous les hôpitaux régionaux du pays dans les six spécialités élémentaires dont l'obstétrique, la réanimation, la pédiatrie et la radiologie et ce à partir du 3 janvier 2016. Et d'ajouter que tous les médecins qui seront affectés sur un tableau de rotation pour assurer des gardes de vingt-quatre heures bénéficieront d'une prime d'indemnité de 630 dinars tunisiens – sachant que l'équipe médicale qui assure la garde ne peut quitter les lieux qu'à l'arrivée de l'équipe d'intérim. Ces décisions seront appliquées dans les gouvernorats du Kef, de Tataouine et de Kébili avant de s'étendre à toutes les régions intérieures. Toutefois, la Constitution ne permet pas au ministère d'affecter des médecins au sein des hôpitaux régionaux sans l'approbation de ces derniers, c'est pour cela que les jeunes médecins bénéficieront de quelques avantages qui les encourageront à opter pour la santé publique. A l'heure actuelle, et toujours selon le ministre de la Santé publique, quelques médecins préfèrent avoir recours à des certificats médicaux, signés par des psychiatres, pour ne pas être embauchés dans des hôpitaux régionaux. En ce qui concerne l'endettement du secteur de la Santé publique, Saïd Aïdi a assuré que le montant de la dette avoisine les deux cent vingt millions de dinars. Cette exorbitante somme fait partie des grands problèmes du secteur et affecte, d'une manière directe, les patients tout en profitant à certaines parties corrompues. À ce sujet, Aïdi a expliqué que son ministère est visé par une grande campagne de dénigrement, à dessous politiques, par ces mêmes personnes qui ne souhaitent pas que le secteur se débarrasse de la corruption. La tâche du ministère de la Santé publique s'annonce être délicate ; on ne peut plus tolérer des incidents pareils dans nos hôpitaux régionaux mais, en même temps, personne ne peut obliger les jeunes médecins à opter pour la fonction publique. Les encourager à coup d'avantages financiers risque d'être tout aussi délicat vu les difficultés économiques que vit le pays et qui risquent de prendre de l'ampleur en 2016 et 2017 avec les échéances du remboursement des dettes extérieures.