Un ange passe... Serait-ce plutôt le contraire? Au bout du compte, on s'en fout un peu mais le résultat est là: le remaniement a bien eu lieu. A tort ou à raison, on n'en sait rien encore puisqu'il faudra juger sur les résultats. Pas sur les intentions. On pourrait s'y méprendre, et pédaler ainsi en pleine semoule, râlant par habitude, et contestant, sans grande conviction, jusqu'à ce que le sujet ne s'épuise de lui-même, balayé par une actualité qui serait plus brûlante, déplaçant ainsi l'intérêt général sur une autre scène où iront se braquer tous les regards. On pourrait. Sauf qu'il y a une vague impression de cheveu dans la soupe, qui gêne sur la langue. Et ça ne passe pas. Elle concerne l'éviction de Najem Gharsalli, « promu à d'autres fonctions » selon la formule consacrée, qui manque plus sûrement qu'à son compte, à l'appel. Catapulté ambassadeur de la Tunisie au Maroc, ce qui n'est pas une sinécure certes, le pays gagne à être visité et c'est plutôt un cadeau, le ministère de l'Intérieur qu'il chapeautait, avait pourtant connu sous sa férule, un de ses sursauts – salvateurs - en matière de lutte contre le terrorisme intra-muros, qui commençait à donner ses fruits, et annoncer des jours meilleurs. Cela s'appelle: bien occuper son poste. Le remplir, en honorant ses engagements. A savoir: ratisser large, ne négliger aucune piste, resserrer l'étau en escargot, jusqu'à étouffer jusqu'à l'ombre de la velléité d'une menace terroriste, qui pourrait encore peser sur le pays. Alors pourquoi changer une équipe qui gagne, interrompant ainsi, le geste dans son élan? Car il faudra gérer la continuité. Or, à force de ruptures successives, n'importe quel échafaudage mis en place, risque de s'écrouler comme un château de cartes, pour peu qu'on lui ait retiré sa « pièce- maîtresse ». Et c'est bien le cas ici en l'occurrence, obligeant, ceux qui devront lui succéder, à tout recommencer à zéro. Ce qui est très risqué, parce que tout changement, toute nouvelle investiture, oblige une trêve, fût-elle de courte durée; et cette trêve, c'est autant de temps perdu pour la lutte contre le terrorisme, et autant de gagné pour les ennemis de la patrie, qui trouveront là une brèche par où s'engouffrer pour avancer leurs pions. Il ne faut pas qu'ils aient le temps d'avancer leurs pions. Ni de s'évanouir dans la nature. Il est à craindre qu'en procédant à ce remaniement, pas très opportun à notre sens, et à notre humble avis, on leur ait tendu la perche...