C'est un charançon d'un genre un peu spécial. Qui n'essaime pas seulement au cœur des palmiers-dattiers. A celui-là, on pourra toujours trouver une solution, quitte à sacrifier une récolte pour en sauver une autre, lorsque l'on aura réussi à endiguer le mal, et à le soigner à la racine. C'est moins évident lorsqu'il s'agit du fondamentalisme religieux, qui peut s'étendre comme la peste, avec une vitesse vertigineuse, pour peu qu'on laisse la porte, ouverte aux quatre vents, et qu'on oublie de surveiller l'entrée. Parce que celui-ci trouve dans l'ignorance, le terrain favorable à son épanouissement, il aura tout loisir de se démultiplier et de s'accroître, comme les herbes folles, tant que les dégâts entraînés par un peu plus d'un demi-siècle de nivellement par le bas, qui concernent surtout l'institution éducative intra-muros, n'auront pas été réparés dans les règles de l'art, afin qu'il n'y ait pas, possibilité de rémission. Tirer vers le haut, est plus difficile qu'on ne pourrait le croire de prime-abord, lorsqu'il y a eu d'abord ancrage, et ensuite, intériorisation, d'une culture de la haine et du rejet de l'autre, qui peut se métamorphoser, d'un moment à un autre, en une culture de la violence, mortifère et dangereuse, lorsqu'il y aura basculement, et donc passage à l'acte, s'inscrivant ainsi dans un processus d'irréversibilité, dont on connaît hélas, aujourd'hui, le triste versant. Pourtant, il faudra s'y atteler. Parce qu'il n'y a pas d'autre choix, et parce que la Tunisie s'est donnée pour seule alternative solvable, de faire le choix de la modernité, en allant de l'avant, fut-ce sur le fil du rasoir, pour réussir sa transition démocratique, puisant dans son histoire, trois fois millénaire les ressources nécessaires à son renouvellement. Ce qui n'est pas donné d'avance. Le combat, pour la démocratisation du pays, en profondeur, continue, et ne faiblira pas. Sauf qu'il faut qu'il soit mené de concert avec un autre combat: celui du développement. Qui doit être mené sur tous les fronts. Et concerner en priorité, les régions reculées de cette Tunisie, trop longtemps délaissées, et marginalisées, qui ne retiennent, d'un certain 14 janvier 2011, qu'un goût de cendre et de fiel. Lorsqu'on sera parvenu à panser les plaies de cette Tunisie que l'on dit profonde, les palmiers seront guéris de leurs blessures...