Le charançon rouge est un parasite ravageur qui dans ses contrées et environnements originels est loin d'avoir les caractéristiques nocives provoqués par ses successives migrations. Le point de départ de sa dissémination est l'Indonésie et c'est probablement à partir du Nord de la méditerranée que ce parasite ravageur transite aujourd'hui dans la région de l'Afrique du Nord et plus précisément à Carthage. Seul l'élément humain par l'intermédiaire des palmiers transportés, est le principal porteur de sa propagation qui se répand avec l'accroissement du commerce dans un système de mondialisation.
Ces palmiers infestés se sont déclarés en décembre 2011 et quelques années avant en Libye et au Maroc. Le bureau sous régional de la FAO à Tunis a démarré en mars 2012 avec les ministères de l'Agriculture en Afrique du Nord, un projet régional qui fournit une expertise alliant santé humaine, gestion optimale des ressources naturelles tout en consolidant les efforts déployés par les gouvernements pour faire face à ce ravageur. Le projet privilégie une approche systémique qui vise une gestion effective de la propagation du Charançon Rouge du Palmier, ainsi que la prévention d'une nouvelle introduction ou propagation de celui-ci afin de minimiser son potentiel impact négatif sur l'environnement et l'économie des pays.
Lors d'une première réunion publique de sensibilisation organisée dans le cadre de ce projet par le ministère de l'Agriculture en partenariat avec la municipalité de Carthage auprès des résidents de Carthage, le constat positif est que le phénomène est encore circonscrit. Les palmiers canariens de Carthage, palmiers d'ornements sont propriétés de la municipalité alors qu'une bonne proportion appartient à des particuliers. Depuis l'identification de la présence du charançon rouge à Carthage, plus de quarante palmiers ont été traités selon une méthode plus dévastatrice que le parasite ravageur. L'arbre est découpé, déraciné et fini par être brûlé. Au-delà du coût financier de cette opération, et de la défiguration de l'environnement, le parasite insecte de part ses aptitudes à migrer n'est pas systématiquement neutralisé.
L'expertise de la FAO est une alternative salutaire qui permet d'opter pour des méthodes qui abolissent le principe de tuer un palmier. Avec ces méthodes, il est question d'agir sur la larve du charançon rouge qui mine de l'intérieur le palmier en creusant des cavités à l'origine de son agonie. A une phase de détection précoce, une des méthodes consiste en un nettoyage ciblé et scrupuleux du palmier. Il convient de tailler les palmes infectées et éradiquer toutes les galeries de larves nichés dans les bases des palmes et parfois le tronc. Une autre méthode est celle de l'endothérapie qui consiste à introduire un produit traitant dans l'arbre. L'injection du traitement dans une cavité percée dans le tronc du palmier présente l'avantage de ne pas pulvériser de substance dans la nature donc de ne pas porter atteinte à l'environnement. Grâce à ce procédé, le palmier est protégé et juste un an après, il peut se régénérer et espérer à une nouvelle vie. Enfin, l'ultime méthode consiste à mettre en place des pièges dans la ville y compris les jardins des particuliers. Ces pièges, petites boites cylindriques en plastique avec des trous d'accès, sont dotés d'une substance attractive de grégarisation qui attire l'insecte pour le rassembler et l'emprisonner dans le piège. Ces pièges sont en mesure d'identifier la présence ou l'absence du charançon rouge et l'importance de sa population. Leur effet signalétique est déterminant dans la confirmation de sa présence dans un environnement donné.
La raison d'organiser cette première réunion publique de sensibilisation avec les habitants de Carthage prend tout son sens et sa pertinence à travers une adhésion des habitants présents à soutenir cette stratégie, en sensibilisant les absents et en aidant à la mise en place des pièges dans les jardins de particuliers. Une association représentant les riverains de Carthage a d'ores et déjà été conviée à prendre part aux prochaines réunions de la Commission Nationale de Lutte contre le charançon rouge relevant du ministère de l'Agriculture.
L'éradication du charançon se conjugue au facteur temps et l'urgence à sa riposte se traduit par la prise d'une marge d'avance face à sa propagation. Aussi, tout un chacun peut signaler aux autorités compétentes la simple observation de symptômes et d'indices tels que la sècheresse des palmes, des trous perceptibles ou encore des chutes impromptus de parties du palmier. Les élagueurs aussi doivent être sensibilisés et informés sur la nocivité de ce parasite ravageur.
Sans être alarmiste mais tout en prônant l'extrême célérité d'agir, tous les présents ont mesurer à quel point le problème pourrait dépasser Carthage et atteindre les palmiers dattiers du Sud. A cet hypothétique scénario, tout un chacun se doit d'être vigilant.