Il n'est point de rival qui ne soit dangereux. Ce dicton d'un penseur français du 18ème siècle, est applicable dans presque toutes les situations, où une femme est tiraillée entre son compagnon, ou son mari et son rival. Car c'est une question d'honneur, en plus de l'amour pour tous ceux qui sont véritablement épris d'une femme, abstraction faite de tout autre intérêt que ce sentiment inexplicable et parfois indicible qu'est l'amour. C'est la raison pour laquelle celui qui éprouve ce sentiment, est prêt à tout pour ne pas perdre celle dont il s'est entiché, et peut aller pour cette raison jusqu'à tuer n'importe qui parmi ceux qui tentent de la lui enlever. C'est le cas dans la présente affaire, dont les protagonistes sont trois jeunes hommes, d'un côté le compagnon d'une jeune fille avec laquelle il compte sérieusement lier sa vie, et de l'autre deux individus qui n'ont aucun lien avec lui ni avec sa compagne, car c'est le hasard qui les a réunis le jour du drame. Qu'en est-il au juste ? Les faits ont éclaté lorsque le jeune homme qui se promenait avec son amie dans la ville de Korba au Cap Bon, a été abordé par deux individus qui avaient l'air méchant et se sont adressé à la jeune fille en l'invitant à faire un petit tour avec eux, et abandonner son compagnon. Ce dernier irrité, demanda à son amie de presser le pas en se dirigeant vers son domicile, là où il lui demanda de l'attendre. Les deux compères qui tentaient de l'enlever se sont alors attaqués au jeune homme, et une dispute éclata entre eux. L'un des deux agresseurs tira de sa poche un couteau avec lequel il tenta de tuer le jeune homme. Ce dernier s'est défendu en parvenant à arracher le couteau qui s'est planté par inadvertance dans la poitrine de l'agresseur. Ce dernier, qui fut transporté à l'hôpital décéda des suites d'une forte hémorragie. Procédure C'est ainsi que d'agressé, le jeune homme se transforma en meurtrier. Arrêté par la police, il fut inculpé par le procureur de la République d'homicide volontaire. Durant l'enquête préliminaire, il nia avoir eu l'intention de tuer la victime, mais qu'il s'était défendu par ce qu'il était agressé par l'agresseur et son complice. Devant le juge d'instruction, le jeune homme réitéra ses déclarations faites au cours de l'enquête préliminaire. La chambre d'accusation près la Cour d'appel de Nabeul a confirmé l'inculpation d'homicide volontaire, décidée par le juge d'instruction, et le dossier a été transmis devant la chambre criminelle près le tribunal de première instance de Grombalia. Devant le tribunal L'avocat de la défense a plaidé l'homicide involontaire, eu égard aux déclarations de son client qui a agi, dit-il pour se défendre et n'avait aucune intention de tuer. En outre, un témoin a confirmé à la barre que le couteau, arme du crime, appartenait à l'un des deux agresseurs, et que l'accusé l'a arraché des mains de la victime qui tentait de l'atteindre. Il demanda au tribunal d'accorder les circonstances atténuantes à son client qui n'a rien d'un assassin. Le tribunal, après en avoir délibéré, a procédé à la requalification des faits, en condamnant l'accusé à 8 ans de prison pour homicide involontaire.