Le littoral capbonais est occupé par les unités hôtelières, les centres d'animation et les cafés . Le Cap Bon a une économie essentiellement littorale et c'est là où sa compétitivité est mise en évidence. Les littoraux font depuis quelques décennies l'objet d'une convoitise considérable. Le nombre de constructions anarchiques a remarquablement augmenté depuis la révolution. Des boutiques, des barbecues, des centres de plongée, des cafés ont sauvagement poussé, en peu de temps, devant l'inaction des autorités. La plupart ne respecte ni les normes de sécurité urbaine ni le code architectural. Outre le danger qu'elles présentent, ces constructions agressent les yeux par leur laideur et gênent, pour certaines, la circulation des baigneurs. « 700 infractions pour exploitation illégale de biens publics ont été relevées le log du littoral du Cap Bon » a indiqué Naoufel Bouguerra, directeur régional de l'APAL à Nabeul. Les dommages les plus graves ont été constatés le long de la corniche de Hammamet-Nabeul a souligné Dr Salem Sahli, secrétaire général de l'Association d'éducation relative à l'environnement. « Le littoral est fortement construit ou en voie de l'être, la vue sur la mer étant l'objectif essentiel de beaucoup de résidents. Les espaces vierges ne se rencontrent plus qu'en de très rares endroits. Une privatisation de fait intervient sur des dizaines de kilomètres, alors que nous nous trouvons à proximité d'importantes agglomérations dont les habitants ont besoin d'espaces publics libres pour les évasions de week-end», explique-t-il. Urbanisation sauvage de belles plages ainsi soustraites au patrimoine naturel du pays, privatisation de fait du domaine public, atteinte à l'équilibre de petites plages très fragiles et amorce d'une spéculation qui s'attaquera aux autres sites sont les principales conséquences de cette invasion. Cette urbanisation anarchique du littoral pose des problèmes de gestions du littoral par l'augmentation subite et incontrôlée des déchets liquides et solides qui aboutissent à la mer. Chose qui a emmené l'APAL à détruire les constructions anarchiques. Il est vrai, comme l'a précisé Dr Sahli, « les aménagements qui collent au rivage ont été réalisés sur le haut de plage ou sur la dune bordière. Nous savons que la dune constitue un pare-chocs naturel et une réserve de sable pour la plage lors des tempêtes. La détruire revient à exposer la plage à des phénomènes aigus d'érosion, et c'est bien ce qui s'est passé le long du littoral de Nabeul-Hammamet, Soliman et Kélibia. Par conséquent, nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que seules les plages naturellement vulnérables et fragilisées davantage par l'intervention humaine irresponsable ont été endommagées. Et il en sera ainsi tant que l'Homme n'aura pas compris qu'il est difficile d'aller à l'encontre des lois naturelles et que la mer finit toujours par récupérer son domaine. D'une façon générale, la majeure partie du littoral capbonais est menacée d'érosion, et ce, pour des raisons naturelles mais aussi du fait de l'action humaine. Les aménagements littoraux doivent respecter les règlements d'urbanisme et particulièrement les études d'impact. Le bilan sédimentaire de la plupart des plages, jadis excédentaire, accuse aujourd'hui un déficit. Les principales causes sont: les aménagements sur les fleuves (barrages, routes...), l'extraction du sable de la plage, la construction de ports et de jetées, la destruction des herbiers de posidonies qui stabilisent les sédiments marins et atténuent les effets de la houle sur le littoral, les aménagements urbains et touristiques sur les dunes bordières. Aussi, les aménagements littoraux doivent-ils scrupuleusement respecter les règlements d'urbanisme et particulièrement les études d'impact. » Il est vrai que le développement du tourisme passe inévitablement par la protection de l'environnement. Il est hors de question de remettre en cause le choix du tourisme comme activité économique principale. De même le tourisme balnéaire est appelé à continuer à se développer. Mais les enjeux écologiques sont sérieux et de nouvelles conceptions des implantations touristiques sont à mettre au point. Des mesures d'urgence doivent être prises les années à venir pour protéger ce qui reste encore à protéger du littoral.