Après la coupe d'Afrique des Nations, le "six" national prendra part à la coupe du monde au Japon. Durant la deuxième quinzaine de ce mois, le volley-ball tunisien aura la possibilité de se racheter après la perte d'un titre continental que l'on croyait acquis d'avance. Evidemment, notre prétention n'est pas de voir les coéquipiers de Khaled Belaïd jouer les premiers rôles au Japon loin s'en faut, mais au moins de faire bonne figure et nous faire oublier nos déboires à l'échelle continentale. Dans cette interview, Kamel Rekaya, le DTN en parle tout en évoquant la dure réalité du volley-ball tunisien. Entretien !
Le Temps : La coupe du monde approche à pas de géant. Il s'agit certainement d'une bonne occasion pour oublier la finale perdue face à l'Egypte en Afrique du Sud ? Kamel Rekaya : Comme vous dites, la déception était grande après la perte du titre continental au profit de l'Egypte. Pourtant et durant toute la compétition, nos joueurs ont été auteurs d'un parcours sans faute jusqu'à la finale. Ils ont même mené deux sets à zéro avant de s'effondrer et perdre le match 3 sets à 2. Je pense que la coupe du monde vient au bon moment pour se cocheter. Elle vient également à point pour racheter. Elle vient également à point pour préparer le tournoi qualificatif aux J.O de Pékin 2008 où la 1ère place sera notre objectif principal. • Y a-t-il du nouveau en ce qui concerne l'effectif qui prendra part à cette coupe du monde ? Les nouveautés seront doubles. D'abord Ben Tara qui supplée Ghezal. Ce dernier s'est blessé en finale face à l'Egypte et nous avons peur de le voir rechuter au Japon. Ensuite Lemjid relèvera Sellami. Ce dernier prendra part aux Jeux Panarabes et son apport sera précieux à l'équipe B. C'est un groupe qui jouera pour la médaille d'or en Egypte. • On a tendance à parler de niveau mondial alors que nous n'avons pas pu nous imposer sur le plan continental. N'est-ce pas paradoxal ? D'abord, à notre niveau, celui de la DTN ? nous n'avons jamais parlé de niveau mondial. Ceux qui en parlent ambitionnent d'y arriver et c'est légitime. Nous prenons part à des compétitions internationales telles que la coupe et le championnat du monde mais c'est très dur pour nous. Pour parler de niveau mondial, il faut d'abord passer une suprématie au niveau arabe et africain... • Qu'est-ce qui nous empêche de franchir ce palier ? Avec notre réalité, on est en train de faire des performances, mais les problèmes de fond au niveau national nous empêchent d'aller plus loin. • Pouvez-vous être un peu plus explicite ? Il faut voir les clubs et leurs conditions de travail. Quand l'équipe nationale prépare une joute, elle doit avoir un programme dix fois plus étoffé que les grandes nations de ce sport parce qu'elles ont un championnat de très haut niveau. Il s'agit d'équipes qui n'ont pas besoin de préparation spéciale. En Tunisie, l'effort se fait au niveau des équipes nationales et cela nous fait seulement trois à quatre mois de travail intense pendant toute l'année. Alors que les Brésiliens, les Italiens et les Italiens et les Nations qui dominent ce sport sont sous pression pendant toute l'année. • Un mot sur le travail au niveau des jeunes ? C'est un sujet à débattre. C'est aussi une réalité amère. Nous avons élargi la base et mis en place deux équipes cadettes pour participer à deux compétitions qui se déroulent en même temps. Mais, là aussi, je vous renvoie au niveau du travail accompli au sein des jeunes. Je ne conteste pas la qualité des techniciens, mais les conditions de travail sont difficiles. On ne peut pas parler de formation de jeunes quand les techniciens ne sont pas payés. Quand la DTN a instauré une stratégie pour la formation du jeune tunisien, elle n'a pas trouvé de compétences avec lesquelles elle peut réaliser ses objectifs. En deux mots, le cadre technique des clubs n'est pas motivé et tout le travail, se fait au niveau des équipes nationales. J'ajouterai également que la bonne graine existe, mais malheureusement les entraîneurs compétents quittent le pays pour exercer leur talent ailleurs. • Pour conclure, que pensez-vous du travail accompli par Antonio Giacobbe et peut-on parler d'usure pour ce technicien qui est aux commandes depuis 2000 ? Il lui faut un cycle pour atteindre ses objectifs et ce n'est qu'à la fin qu'on pourrait évaluer le travail accompli. L'actuel cycle prendra fin après le tournoi qualificatif aux Jeux Olympiques 2008 même si son contrat court jusqu'à fin décembre 2008. A la fin du tournoi qui aura lieu en Afrique du Sud, nous en saurons plus... Propos recueillis par