Les membres du comité de défense du martyr Chokri Belaïd ont tenu, hier, une conférence de presse pour donner les dernirs développements dans l'affaire. Au début dela rencontre, l'avocat Ali Kalthoum a révélé le contenu d'une correspondance envoyée par l'ancien ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aïssa, à l'adresse du juge d'instruction du Bureau 13 chargé de l'enquête. Envoyée à la date du 8 octobre 2015, cette lettre contenait une demande formulée par le ministre au juge d'instruction pour qu'il réponde positivement aux requêtes de ceux qui se sont constitués partie civile. En dépit de son statut de président du ministère public, la demande de Mohamed Salah Ben Aissa a été rejetée. Et à l'avocat de conclure que ce rejet prouve que le parquet est soumis aux ordres de Nourredine Bhiri et de Nadhir Ben Ammou. De son côté, maître Souhaïl Medmigh a assuré que la correspondance de Mohamed Salah Ben Aissa a à révélé que le processus de l'enquête se dirigeait dans le mauvais sens. Et d'ajouter que les doutes planent encore sur le mouvement Ennahdha qui semble être impliqué dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd. Pour l'avocate et la veuve de Chokri Belaïd, Basma Khalfaoui, la situation politique générale instable du pays – à l'époque de l'assassinat, c'est-à-dire en 2013, a contribué au blocage de la révélation de la vérité. Maître Khalfaoui a assuré que la gravité de la situation en Libye a des répercussions négatives sur la situation en Tunisie. Selon l'avocate, tout ce contexte instable a contribué à déstabiliser le comité de défense qui demeure, malgré tout, uni et déterminé à révéler la vérité tout en qualifiant toutes les parties qui mènent des campagnes de dénigrement contre le comité de défense de mercenaires. Revenant aux engagements tenus par des hauts responsables de l'Etat, Basma Khalfaoui a estimé que ces derniers ont failli à toutes leurs promesses, que cela soit au niveau de l'affaire elle-même ou à d'autres engagements – comme celui qui concernait l'attribution d'un local au profit de la Fondation Chokri Belaïd contre la violence. Rien n'a été respecté a-t-elle ajouté. Reprenant les propos de ses deux collègues, maître Khalfaoui a estimé que le juge d'instruction chargé de l'affaire a refusé d'effectuer des vérifications qui auraient pu aider l'avancée de l'enquête – comme la vérification de la salle de sport où Kamel Ghadghadi, l'un des principaux accusés de l'affaire, s'entraînait durant des mois. À la fin de son intervention, Basma Khalfaoui a assuré que l'Etat est aujourd'hui incapable de révéler la vérité sur ce dossier et qu'on devrait recourir vers une Cour internationale. Il est à noter que le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a été présent à cette conférence de presse. Une présence symbolique vu les différents conflits qui opposaient le parti à la veuve du martyr. Cette participation de Hamma hammami pourrait en effet signifier le début d'une nouvelle ère entre les deux parties.