Au lendemain de l'assassinat du martyr Chokri Belaïd, le 6 février 2013, une instance de recherche de la vérité concernant l'affaire (IRVA) a été mise en place afin de suivre de près les évolutions judiciaires. Dès lors, une série d'incidents ont été relevés par cette même instance qui s'était employée à révéler tous les détails du dossier. Il a fallu plus de deux ans de l'assassinat du martyr pour que le juge d'instruction prononce le verdict de la clôture de ladite enquête. Un verdict accompagné par la liste des inculpés dans l'affaire. Ils sont une douzaine après les quatre individus qui ont déjà été éliminés par les forces de l'ordre. Cette décision avait, à l'époque, fait surgir la révolte du comité de défense et des dirigeants du Front Populaire. Ceux à quoi les autorités ont répondu que cette clôture ne signifiait nullement l'arrêt des investigations. Avec la tenue de la campagne électorale des élections de 2014, le dossier de Chokri Belaïd a été relancé dans les espaces médiatiques et publics. A l'époque, Béji Caïd Essebsi en a fait l'une des priorités de son programme. A ce sujet, le président de la fondation Chokri Belaïd, Basma Khalfaoui, a fait une série de rencontres avec les hauts responsables de l'Etat – dont le chef du gouvernement, le président de la République et le ministre de l'Intérieur actuels – à l'issue desquelles elle a indiqué que l'engagement était encore d'actualité et qu'il suffisait que les mécanismes de l'Etat s'y mettent pour que l'affaire puissent réellement avancer. Suite aux recours déposés après la décision de la Chambre des mises en accusation, la Cour de cassation a examiné l'affaire de l'assassinat avant de décider de reporter la séance pour le 16 avril courant. Invité à s'exprimer sur l'évolution de l'affaire, maître Ali Kalthoum, membre du comité de défense de l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd, a tenu à revenir sur les plus grandes étapes. L'avocat a rappelé que ledit comité a appelé au changement du juge d'instruction dont le travail n'a pas satisfait les défenseurs de l'affaire de l'assassinat qui ont constaté plusieurs irrégularités. Maître Kalthoum a rappelé qu'il ne fallait pas inculper uniquement les personnes qui ont exécuté l'assassinat mais aussi et surtout celles qui ont planifié et financé le plan. Ali Kalthoum a expliqué que le ministère de l'Intérieur, à l'époque de l'assassinat, avait essayé de couvrir certains éléments de l'enquête. Il a rappelé que les responsables dudit ministère avaient nié avoir en leur possession l'arme du crime, qui a aussi été employée dans l'assassinat de Mohamed Brahmi, alors que l'IRVA avait prouvé le contraire. Il a de même rappelé que les deux éléments principaux dans l'affaire, en l'occurrence Kamel Ghadghadi et Ahmed Rouissi, ont été assassinés sans avoir été questionnés. Il a rappelé que l'ordinateur portable de Rouissi, saisi par les forces de l'ordre lors d'une opération sécuritaire à Gabes, n'a jamais été analysé tout comme la voiture du terroriste qui a été remise à la femme de ce dernier. De même, la boutique de Yasser Moualhi, un autre accusé, n'a pas été saisie par les forces de l'ordre. La salle de sport où ces individus assuraient leurs entraînements physiques n'a pas été vérifiée sous prétexte qu'elle était la propriété d'un étranger qui refusait de collaborer avec les autorités. Des dépassements qui ont été qualifiés d'abominables par l'avocat. La machine derrière le crime C'est comme cela que s'est exprimé le membre du comité de défense du dossier de l'assassinat de Belaïd. Il a estimé que l'ancien chef du gouvernement, Ali Laârayedh, avait une responsabilité, directe ou indirecte, dans le crime. Dans ce sens, il a assuré que la Cour de cassation a entendu tout le plaidoyer des avocats et que cela représente un grand progrès dans l'évolution des données. Voulant protéger le cours de l'affaire, maître Kalthoum a préféré garder les détails de l'affaire en assurant que tout sera dévoilé le 16 avril à la Cour de cassation. Pour Basma Khalfaoui, tous les détails de cette affaire finiront par être dévoilés parce que l'Histoire n'oublie jamais rien.