Le Temps-Agences - Paris et Washington ont affiché leurs convergences sur l'Iran et l'Afghanistan à l'occasion de la visite du président français Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis, sans parvenir à masquer tout ce qui les sépare encore. Ovationné debout par les membres du Congrès des Etats-Unis, M. Sarkozy a visiblement séduit ses hôtes américains en jugeant "inacceptable" l'hypothèse d'un Iran possédant l'arme nucléaire et en promettant de rester engagé en Afghanistan "aussi longtemps qu'il le faudra". La ferme position française sur l'Iran a été saluée par le porte-parole du département d'Etat Sean McCormack, qui a qualifié la France de "partenaire capital" sur cette question. Mais, notaient des experts américains, le président français s'est aussi gardé de prononcer le simple nom "Irak" au cours de son intervention devant les parlementaires américains. Et si l'engagement de la France en Afghanistan a été confirmé, le président Sarkozy n'a pas évoqué un possible déploiement des soldats français, stationnés à Kaboul, dans le sud ou l'est de l'Afghanistan comme le souhaiteraient notamment les Américains. Sur l'Otan, alors que les Américains voudraient que la France réintègre le commandement militaire intégré de l'Alliance, quitté en 1966 à l'initiative du général de Gaulle, M. Sarkozy a assuré que "plus l'Europe de la défense sera aboutie, plus la France sera résolue à reprendre toute sa place dans l'Otan". "L'Otan ne peut pas être partout", a-t-il insisté. Lors d'une conférence de presse commune avec le président américain George W. Bush, le chef de l'Etat français a souhaité un "Irak uni" et "démocratique", et mis en garde contre un démantèlement de ce pays. Interrogé par un journaliste américain pour savoir si la France pourrait aider les Etats-Unis à sortir du "bourbier" irakien, M. Sarkozy a préféré éluder la question. M. Sarkozy a toujours affirmé que la France avait eu raison de s'opposer à la guerre en Irak. La décision du président Jacques Chirac de ne pas s'engager aux côtés des Américains en 2003 pour chasser du pouvoir Saddam Hussein avait déclenché aux Etats-Unis une vague d'hostilité antifrançaise sans précédent. Le président américain George W. Bush, dont les alliés sur la scène internationale ne sont pas si nombreux, a souhaité atténuer les divergences de vues avec son homologue français. "Nous avons eu (Français et Américains) une opinion différente" sur l'Irak, a-t-il dit. "Mais, s'est-il empressé d'ajouter, je ne sens pas de différence maintenant". Il a notamment remercié le président Sarkozy d'avoir dépêché à Bagdad le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner. M. Sarkozy qui avait reçu récemment à Paris l'ancien vice-président américain Al Gore, récompensé par le prix Nobel de la paix pour son engagement contre le réchauffement climatique, a également appelé les Etats-Unis à rejoindre l'Europe dans le combat contre le réchauffement "qui menace de destruction notre planète". Il n'a cependant pas demandé explicitement à Washington de ratifier le protocole de Kyoto.