Un nouveau bras de fer se profile à l'horizon entre le ministère de l'Education et le syndicat général de l'enseignement secondaire par plateaux radios interposés qui ont vu les deux premiers responsables de ces deux « institutions », en l'occurrence, le ministre Néji Jelloul, et le syndicaliste, Lassâad Yaâcoubi qui ont échangé, en fin de ce week-end, « altercations accusations, démentis et clashes » Le point de départ de ce nouveau bras de fer, en vue, a pour origine la publication du Livre blanc portant réforme de l'Education qui a déclenché l'ire de la partie syndicale. Et comme à son habitude, l'auteur de la célèbre phrase, répétée trois fois en direct sur les antennes d'une radio de la place, « celui qui n'est pas content n'a qu'à aller boire l'eau de mer », défie Néji Jelloul, le ministre le plus populaire du gouvernement d'Habib Essid, en lui disant, carrément : «Vos initiatives ne passeront pas si nous ne sommes pas d'accord » ! En effet, Lassâad Yacoubi, secrétaire général du syndicat de l'Enseignement Secondaire, s'est exprimé ce vendredi 27 mai 2016 sur les ondes d'une radio de la place, pour crier extrême mécontentement vis-à-vis du ministère de l'Education et de son titulaire, Néji Jalloul. Et concernant le nouveau Livre Blanc sur la réforme de l'Education, Lassâad Yacoubi a tenu à mentionner que les livres des 1ère et 2ème années primaires sont déjà imprimés et disponibles au Centre national pédagogique. Plus encore, il assure que le marché est conclu et que ceux qui rédigent ces livres sont en train de percevoir de l'argent. « Comment va-t-on y insérer les propositions, les méthodes et les programmes scolaires de ces élèves du primaire suggérés si lesdits livres sont déjà prêts? C'est vraiment aberrant, conclut-il. M. Yaâcoubi a tenu, par ailleurs, à faire remarquer que l'exclusion des parties syndicales lors de la mise au point de cette réforme de l'Education prouve, si besoin est, « l'absence d'une réelle volonté de collaborer de la part du ministre dans la mesure où Néji Jalloul prend ses décisions et mesures à huis clos ». Le responsable syndical précise encore que le calcul de la moyenne générale des élèves sans prendre en considération leurs notes d'éducation sportive démontre que le ministre n'est pas conscient de la gravité de son initiative et de l'importance des responsabilités qu'il est appelé à assumer. Le jour même dudit vendredi, Néji Jalloul, ministre de l'Education était l'invité d'une autre radio de la place sur les ondes de laquelle, il a indiqué que les horaires de cours des élèves du primaire allaient être augmentées passant de 170 jours pour l'année 2014 à 193 jours pour cette année. L'optimum étant le passage à 210 jours d'école comme dans les pays les plus modernes. Concernant la rentrée scolaire pour la saison 2016/2017, elle aura lieu entre le 10 et le 12 septembre 2016. Revenant sur les propos virulents et accusateurs de Lassâad Yaâcoubi, secrétaire général du syndicat de l'Enseignement secondaire, Néji Jalloul a évoqué l'aspect du financement de la réforme de l'Education par la Banque mondiale pour préciser qu'il n'existait aucun lien entre la réforme de l'Education et la Banque mondiale. « Je ne suis pas un banquier...La preuve, mon compte est constamment à découvert», a-t-il affirmé sur un ton satirique, ajoutant que « la réforme du système éducatif est entièrement financée par les impôts des tunisiens ». Il a également affirmé que les réformes de l'Education n'ont pas été proposées par le parti Nidaa Tounes comme l'avait indiqué Lassâad Yacoubi. « Le projet de la réforme de l'Education est participatif et a été mis en place pour corriger un grand nombre de carences de notre système éducatif, des carences dont nous en sommes tous responsables », a-t-il affirmé en substance. « Le livre blanc n'est pas le Coran, il est ouvert à toutes les critiques et amendements », conclut –il Sur un autre plan, Néji Jalloul a fait savoir qu'en Tunisie, le bachelier à un niveau de brevet, que 7000 bacheliers ont obtenu un zéro en français en 2015, « ce qui constitue une situation lamentable dont nous sommes tous responsables », a-t-il assuré , d'où la nécessité pour nous tous, aussi, de corriger ensemble. « Il faut mettre fin aux bourrages de crânes et considérer l'élève dans son individualité», a-t-il précisé encore. Dans le même ordre d'idées, le ministre a indiqué que le Livre blanc est le résultat de l'établissement d'un dialogue national, profitant de l'occasion pour réaffirmer son appartenance au parti Nidaa Tounes proclamant qu' : «Il y a eu une révolution dans ce pays, je suis un ministre issu du parti Nidaa Tounes, mon équipe et moi avons promis de réformer le système éducatif et c'est ce que nous allons faire ; je veux tenir mes promesses. Le livre blanc a été présenté, d'ailleurs, au président de la République». Démentant les affirmations quant à une adoption du livre blanc à huis clos, comme avance M. Yaâcoubi, le ministre a affirmé que les commissions d'experts avaient été présidées par des représentants de l'UGTT tels que Fakhri Smidi pour ne citer que lui. Et d'ajouter qu'il était disposé à fournir les procès-verbaux des réunions des commissions d'experts pour valoir ce que de droit. Enfin, concernant l'impression des livres de 1ère et 2ème années primaire, le ministre a démenti, là aussi, ce qu'il considère comme « allégations » du responsable syndical, en assurant qu'aucun livre n'a été imprimé et que les textes sont en cours de rédaction. Des commissions mixtes composées de professeurs et d'inspecteurs travaillent encore sur ces manuels. Néji Jelloul a préféré clôturer le débat sur une note positive en félicitant et remerciant la Centrale syndicale pour le travail réalisé en coordination avec le département de tutelle. Cette note a été accompagnée d'une précision : « l'UGTT dont je parle est celle du leader Farhat Hached », a-t-il à mentionner en substance.