Une belle bande de copains, venus d'ici et d'ailleurs, a investi un petit paradis, sur les hauteurs de Testour, au milieu des oliviers, dans un coin à nul autre pareil. Rassemblés par le maître de céans Mahmoud Chalbi pour célébrer une année de production artistique toutes disciplines confondues. Une belle idée, une initiative singulière au cœur d'un lieu magique car nature et hommes ont concouru pour le garder intact, l'embellir, le magnifier. Le résultat vaut le détour. Allez le vérifier vous-mêmes, vous serez conquis. Ils étaient tous là pour l'amitié et le partage. L'espace se prête bien à la rêverie, à la méditation, à la créativité. Chaque groupe a choisi son territoire, son activité. Tout a commencé dans la bonne humeur et la détente. Tout s'est poursuivi dans l'hilarité et l'allégresse. Tout s'est terminé dans le bonheur. Là-haut, dans la cabane, Yasser Jeradi, prépare sa nouvelle chanson qui fera date. Sa voix plane et les notes de son luth s'envolent, vous happent, vous charment et vous vous précipitez pour atteindre l'olympe où les cieux sont charmés par la voix et les paroles si pertinentes, qui coulent comme la Medjerda, à quelques encablures. Alors que certains ont préféré aller découvrir les dédales et les chemins alentours, les artistes se sont mis à l'ouvrage. Un peu à l'écart, Najet Ghrissi, secondée par Souha Ben Othman, a décidé de dompter un tronc d'olivier pour en sortir, comme par magie, une magnifique sculpture qui décorera les lieux. Tout patiné, le tronc noueux ne se reconnaît plus et semble ravi que des mains expertes l'aient embelli et donné une autre destinée. Mach Manillus, Malek Saadallah, Yamina Mechri Ben Dana ont étalé de la toile de jute et ont commencé à peindre. Peu à peu, formes et couleurs ont chanté. Sous un soleil de plomb, rires et commentaires fusent. Plus tard, des enfants venus avec leurs parents, ont plongé leurs petites mains dans les bacs à couleurs, dans une joie incommensurable et des talents sont nés. Hassen Gomri a rejoint l'équipe et a dessiné un magnifique geai, au beau plumage vert et a inscrit cette phrase " Un geai vert pour un verger". Quel plus bel hommage pour ce lieu baptisé " Verger des Montagnes"? A l'intérieur du gîte, des va-et-vient incessants, des conversations échangées, des rires, des complicités. Les jeunes qui président au destin du lieu, rêveurs et bosseurs, disponibles, affables, sympathiques, répondent à toutes les demandes. En cuisine, les cordons bleus veillent au grain. La maîtresse des lieux est lumineuse, aimable et serviable. Le soir, c'est fête. Fatma Ben Slama fait une belle performance physique et plastique. Prisonnière des génies maléfiques de la forêt, elle arrive à s'extirper des mille pièges sur son chemin et retrouve liberté et paix après un parcours harassant jonché de difficultés. Ihsen Laribi interprète quelques morceaux de son nouvel album " Rayhana ", chante Cheikh Imam et quelques autres succès. " Ne me quitte pas " de Jacques Brel ou " Quand on n'a que l'amour" interprétés au luth sont un vrai régal. Yasser Jeradi fait un récit musical de sa vie, émaillé de ses chansons aux textes sublimes et de certains tubes en français et en anglais. Un moment unique. Une belle découverte, celle de Nour Hakati, à la voix profonde et intense. Sans oublier les filles aux doigts de fées, des tisseuses de pochettes, des bijoutières, des artisanes aux dons multiples et variés. Sans oublier tous ces copains venus partager leurs dons, les mains tendues, chargées de la plus belle des offrandes: l'art comme partage, comme rencontre, comme échange, fête, désir de vie, de lutte contre la laideur et l'enfermement. " Le verger des montagnes" démontre qu'un tourisme intelligent est possible et qu'allié à la culture et à l'art, il ouvre tous les horizons du rêve.