12h-13h, sur antenne de la Radio Nationale, le nouveau président du Conseil de la « Choura », du parti islamiste Ennahdha, remet les pendules à l'heure pour tout le monde et martèle à juste titre : « Nous ne sommes plus en 2014... mais en 2016. Les réalités ne sont plus les mêmes et encore moins les équilibres politiques » et l'ancien ministre des Transports, de la Troïka, d'ajouter : « Ennahdha est le plus grand parti du pays et le plus fort ! » Amen ! L'arrogance de la centrale islamiste par la bouche de ce « faucon », hors normes, a repris ses droits, de quoi nous renvoyer aux temps où M. Abdelkrim Harouni, puisque c'est de lui qu'il s'agit, haranguait les foules sur l'avenue Bourguiba dans les années de braise post-révolutionnaires en traitant de tous les noms les « résidus » d l'ancien régime (Azlam Annidham Assabek), qui veulent à travers Nida Tounès revenir au pouvoir par la fenêtre après en avoir été chassé par la porte ! Voilà qui va donner à réfléchir et certainement bien des regrets aux « Nidaïstes » et à leur tête le président Béji Caïd Essebsi, qui se sont évertués après leur victoire de 2014 (par la grande porte si j'ose) à réinsuffler la vie au parti islamiste battu largement malgré l'avantage de l'organisation, des finances et le soutien des instances nationales et internationales bienveillantes qui misent toujours en plan « B » sur l'Islam politique « modéré ». Voilà qui nous renvoie aussi à la nature même des partis « islamistes » à travers le monde affiliés au mouvement « Frères musulmans » qui se rappellent surtout de la « démocratie » quand ils sont en position de force pour réclamer comme M. Harouni son du et ses « droits » conformément à la « nouvelle » représentativité véritable « hold up » institutionnel, puisqu'ils reprennent le leadership à l'ARP du fait de la crise interne de Nida Tounès et non pas selon la volonté des électeurs et des électrices qui se sentent tout simplement « volés » après avoir donné massivement leurs voix au Nida et à son fondateur –président Béji Caïd Essebsi ! Tout cela montre à quel point la politique est volatile dans les pays fragilisés par le terrorisme, la poussée de la fièvre revendicative et des exigences de toutes sortes ainsi que par l'embrigadement messianique des partis religieux qui jouent les fruits aux quatre saisons. En effet, Ennahdha après sa défaite historique en 2014, a joué profil bas. Elle a cherché à rassurer les composantes internes aussi bien populaires qu'institutionnelles, ainsi que les puissances extérieures, en jurant sur tous les toits que , désormais, elle ne vise plus « l'hégémonie » et le contrôle totalitaire de la société tunisienne comme l'indiquent ses valeurs fondamentales originelles du salafisme - frères musulmans. Quant aux forces démocratiques et civiles de la modernisation et de l'identité spécifique tunisiennes elles ont tout simplement été prises au jeu charmées par cette évolution miraculeuse de l'Islam politique. Du coup, Ennahdha, est remise sur selle avec tous les honneurs. Elle s'associe discrètement au gouvernement mais infiltre l'ensemble des instances ainsi que l'environnement médiatique. Un travail remarquable de persévérance et de haute technicité qui lui ouvre les voies de la présence permanente sur les plateaux TV de plus en plus acquis comme celui jadis rebelle du « Hiwar Ettounsi » où les leaders de la centrale islamistes et sympathisants défilent presque quotidiennement en territoire allié et conquis ! La goutte d'eau qui fera effet de « Tsunami », médiatique à l'américaine, aura été ce fameux 10ème congrès de tous les « changements » et qui accouche finalement du maintien intégral de la mécanique, de la doctrine et de la pratique nahdhaouies depuis l'aube de sa création en 1979, jusqu'à nos jours. Que reste-t-il aujourd'hui, des ballons d'essai et des « promesses » voilées du changement du Conseil de la Choura, du changement aussi du nom du mouvement pour l'adapter à l'approche « civile » et démocratique, etc... ! Tout simplement « Rien » ! Tout est reconduit tel quel et pis encore, certains gentlemans nahdhaouis modérés et conciliant sont tout simplement écartés comme M. Ayadi, ancien président de la « Choura ». Le temps des « colombes » a fait son temps... place au retour des « faucons » pour une étape de reconquête du pouvoir et du contrôle intégral à nouveau de la société comme au temps merveilleux (sic) de la Troïka et de tous ceux qui ont livré notre pays, à la dérive identitaire extrémiste et aux imams obscurantistes « hors la loi », qui ont pollué les maisons de Dieu par le takfirisme. Tout cela n'aurait pas été possible ni même envisageable sans la crise majeure de Nida Tounès et de la naïveté générale de ses cadres de croire au « père Noël » islamiste politique, inoffensif et engagé vers une « association » durable au niveau du pouvoir ! Ces mêmes « leaders » qui ont implosé Nida Tounès ont de fait donné leurs « armes » (morales) à leurs adversaires. Alors, qu'ils ne s'étonnent pas de récolter les semences de leur propre turpitude et de leurs mauvais calculs qui ont naufragé leur parti. En politique il n'y a pas « d'amis » ni « d'alliés » éternels. M. Harouni a bien raison de le rappeler, au bon souvenir du peuple nidaïste qui s'est fait avoir par le fameux adage populaire tunisien : « Aâtih el Hsira yesbek lijamaâ » (Donnez lui la natte, il vous précèdera à la mosquée) ! Ennahdha, désormais, veut faire de nouveau la loi... et ce sont les Nidaïstes qui lui en donné les moyens ! Ils n'ont alors, que ce qu'ils méritent ! Une dernière élucubration qui me traverse l'esprit : Qu'est-ce qu'à pu penser le président Béji Caïd Essebsi quand il a foulé l'enceinte de Radès pour assister à cette démonstration de force inégalée du fameux 10ème congrès d'Ennahdha ! En tout cas, la nomination de M. Abdelkerim Harouni à la tête du Conseil de la « Choura » est bien la réponse la plus éloquente à nos interrogations. Attachez à nouveau vos ceintures Messieurs-Dames ! Ennahdha repart à la reconquête du pouvoir, après avoir évité intelligemment la tempête ! Quoi de plus naturel en démocratie... Oui la démocratie des « quatre saisons », celle qui s'en fout royalement des « hold up » sur les suffrages et sur la volonté populaire des Tunisiennes et des Tunisiens.... Cela qui fait d'un parti battu aux élections de 20104. Le parti vainqueur le plus puissant, malgré le « non » des électeurs et qui demande légitimement de gouverner. Chapeau, les Tunisiennes et les Tunisiens ont encore beaucoup à vivre et à entendre ! K.G