Le récent volet de la variété « Twahachnakom » (Vous nous avez manquez !) diffusé par la chaîne « Wataniya 1 » et produite par Yosr Sahraoui et Sadok Dghim, qui en assure également la réalisation, invitait la grande chanteuse Aïcha et sa fille, la non moins célèbre chanteuse Lilia Dahmani. Ce programme nous a laissés sur notre faim, étant donné que le côté historique y a été tout simplement négligé. On survolait ce volet en évoquant quelques bribes de souvenirs qui sont pourtant d'une grande importance. Les extraits d'enregistrements anciens où l'on voit Lilia Chanter en play back et en live, ne suffisaient pas à donner une idée exhaustive sur sa carrière. Les producteurs de la variété se sont fait prendre au piège par l'absence d'enregistrements anciens pouvant éclairer le téléspectateur, retenir son attention et alimenter le programme. Pourtant, sous d'autres cieux, on aurait remonté le temps en diffusant, par exemple, la première apparition de Lilia Dahmani dans « Noujoum Al Ghad » (Vedettes de demain), en 1972. « Twahachnakom » se veut pourtant un hommage à d'anciennes vedettes de la chanson tunisienne qui ont, pour une raison ou une autre, abandonné depuis belle lurette le domaine artistique. Et si pour la chanteuse Aïcha, et comme elle l'a révélé à plusieurs reprises au cours de l'émission, l'âge avancé et la volonté de laisser la place aux jeunes artistes en sont les causes, pour Lilia, c'est le flou le plus total. L'ancienne vedette de « Noujoum Al Ghad » a fait bien du chemin en enregistrant des dizaines de chansons pour la radio avec bien des passages à la télé depuis le noir et blanc et jusqu'à l'avènement de la couleur. La présence du compositeur Mohamed Ridha sur le plateau, ne suffisait pas à donner le maximum d'informations et de détails sur le parcours de Lilia. Elle-même semblait embarrassée pour raconter les détails de sa réussite et de sa carrière devenue en dents de scies depuis des années déjà. Et même si le spectacle de la « Nûba », en 1991, lui avait permis de revenir sur la scène et d'apparaître sous un nouveau visage, la frustration demeurait pour elle. Chance et regret Et étrangement, Lilia Dahmani n'est pas friande de la musique et de la chanson dans le mode « Tounsi. » A ce propos, le compositeur Mohamed Ridha a fait rappeler qu'une des chansons de Lilia, qu'elle croyait composée dans le mode « Charki » est bien dans le mode « Tounsi ! » Le retour d'Aïcha et de Lilia, ne serait-ce qu'à l'occasion de cette variété, a été une belle surprise et une découverte pour les nouvelles générations. Toutefois, la voix d'Aïcha était, ce soir-là, plus apte à chanter encore, alors que celle de Lilia a montré ses limites. Le compositeur Mohamed Ridha a d'ailleurs fait remarquer à ce propos que les deux chanteuses, la mère et la fille, ont une belle voix. Pour Aïcha, elle se caractérise par sa force et son étendue, alors que celle de Lilia est veloutée. La même Lilia a regretté de n'avoir pas su exploiter artistiquement sa présence au Caire chez le compositeur Mohamed Soltane, l'ancien mari de Faïza Ahmed quand elle lui avait interprété une chanson de Faïza qui n'était pas parmi les compositions de Mohamed Soltane. Le regret d'Aïcha se résume dans le fait que les artistes ne demandent plus de ses nouvelles aujourd'hui. La nostalgie n'est plus ce qu'elle était.