Son départ le 12 janvier dernier a marqué la fin d'une belle et prolifique génération de paroliers, et même si souvent on oublie de citer les noms de ceux qui ont doté notre chanson tunisienne des plus belles rimes, le nom de Ridha Khouini restera gravé dans les mémoires Qui est Ridha Khouini ? Né le 19 avril 1940 à la rue Dar El Bacha, à la Médina de Tunis,. Ridha appartient à une famille artistique. Son frère Hamadi a été l'un des violonistes les plus brillants de sa génération. Le foyer de Khouini était un carrefour où se rencontraient paroliers, compositeurs et chanteurs. La fine fleur de l'univers artistique. A onze ans, il écrivait déjà de la poésie. A quinze ans, il écrivait de façon régulière les paroles de chansons pour Ali Riahi, Mohamed Sassi, Hana Rached et Habib Chérif. Dans les années cinquante, on assiste à la mode de la vague de migration qui voit partir à l'étranger Kahlfaoui Tounsi, Kakino De Paz, Albert Pérez et Raoul Journo. Soit des artistes pour lesquels Khouini avait écrit des textes. A 22 ans, il rejoint ses copains en France, et rencontre M. André Amy (directeur de Radio-France). Il écrivit les paroles d'une soixante de chansons pour ses amis parmi les juifs de Tunisie et ceux d'Algérie. Ces paroles connaissent un vif succès car notre parolier est un talent précoce. Il écrivit ainsi pour la première génération de Ali Riahi, Fethia Khaïri, Oulaya, Naâma, Zouheïra Salem, Narimane, Soulef, Nourhène, Najet Samir et Ismaïl Hattab... Puis, à une autre époque, pour Hédi Habouba près de 80% de son répertoire musical. Entre 1989 et 1999, il produisit 25 volets de l'émission radiophonique «Hayet Ennass» (La vie des gens). En collaboration avec Fethi Zghonda, il produisit 34 volets de l'émission télévisée «Naghamon min attourath» (Un air du patrimoine). Entre 1982 et 1992, il veilla au visionnage des œuvres artistiques et littéraires à l'Ertt. Il a été secrétaire général de l'Union des écrivains, fondée en 1971 par Salah Mehdi. En 1987, il a joué un rôle essentiel dans la mise sur pied du Festival de la chanson tunisienne. Il est membre permanent de l'Union de la francophonie et du Syndicat des paroliers et compositeurs. La dimension internationale Précoce, le talentueux parolier fait parler de lui. Déjà, à seulement onze ans, le grand poète et parolier maîtrisait déjà les vers. Encadré par des monstres sacrés de l'écriture, Ahmed Kheireddine, Houcine Jaziri, M'hamed Marzouki, Tahar Kassar, Jalaleddine Naccache, en plus de Mustapha Bouchoucha, directeur du service musical à la Radio, il a écrit les paroles de près de trois mille (eh oui!) chansons enregistrées. Parmi les figures qui ont chanté ses paroles, nous citons : Ali Riahi, Oualaya, Naâma, Safoua, Hana Rached, Fethia Khaïri, Zouheïra Salem, Soulef, Tahar Gharsa, Ahmed Hamza (Ya Hamouda), Youssef Témimi, Mohamed Ahmed, Kamel Raouf Nagati, Taoufik Naceur, Mustapha Charfi, Hédi Habouba, Kacem Kéfi, Mohsen Raïs, Adnène Chaouachi... et l'Egyptien Karem Mahmoud (Bikhati idou, katabli jaweb). Il eut à traiter avec les compositeurs suivants qui ont repris ses paroles : Salah Mehdi, Chedly Anouar, Abdelhamid Sassi, Ali Chalgham, Ahmed et Ridha Kalaï, Maurice Meïmoun, Mahmoud Thamri et Samir Agrebi. Des voix maghrébines et arabes Les voix maghrébines et arabes qui ont chanté ses paroles : Ahmed Wahby, Thouraya El Jazaïria, Nadia Ben Youssef, Abdelkader Chaou, Fatma Ezzahra El Hélou, Zeïneb Yasser, Mohamed Fouitekh, Aïda Salim, Houria Hassen, Sayed Métwali, Laura Khalil. Ridha Khouini a été le parolier le plus représentatif de la chanson tunisienne à l'étranger. Il a présidé l'Union des poètes populaires et des paroliers, et a été membre du comité de la Rachidia. Il a écrit des biographies et des nouvelles, sans parler de sa large contribution à la littérature enfantine et de ses articles dans la presse culturelle et artistique. A l'occasion du dixième anniversaire de la mort de Tahar Gharsa, le cheikh du malouf de la musique tunisienne traditionnelle, il a été honoré au Festival international de Carthage, lors d'un gala animé par Zied Gharsa. Notre artiste disparu aura collaboré avec plus de 70 compositeurs et 150 interprètes entre chanteuses et chanteurs. La maison d'édition Dar Ennajah, de Hédi Abdelghani, avait publié quatre recueils de ses chansons entre 1959 et 1962. Il a côtoyé sept générations d'artistes, ce qui en dit long sur son extraordinaire longévité.