Les voitures populaires, qui devraient être mises en vente à partir de mi-juillet prochain, ne seront pas finalement si populaires qu'annoncé. Ces petites «quatre roues», dont la puissance ne dépasse pas 4 chevaux vapeur fiscaux, ne semblent plus, en effet, adaptées aux budgets serrés des couches populaires de la société tunisienne. Selon la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles, ces voitures de tourisme, bénéficiant d'un régime fiscal privilégié, seront proposées à des prix variant entre 20.000 et 28.000 dinars. Or, pour être éligible à l'achat d'une voiture populaire, une personne physique devrait présenter des justificatifs selon lesquels l'impôt sur leur revenu annuel ne doit pas dépasser 5000 dinars, un seul resté identique à celui fixé lors du lancement du fameux programme d'importation de ces voitures économiques en 1994. Autant dire qu'il existe, désormais, une grande déconnexion entre les prix des voitures quatre chevaux et le pouvoir d'achat des couches populaires ciblées. En 1994, les prix de ces modèles à bas coût tournaient autour de 10.000 dinars seulement ! Le quota 2016 du programme d'importation des voitures populaires par les onze concessionnaires autorisés porte sur 5000 voitures, pour une facture globale estimée à 35 millions d'euros (plus de 86 millions de dinars). Les concessionnaires retenus importeront onze types de voitures, dont six marques asiatiques: Chery (Chine), Toyota (Japon), Mitsubishi (Japon), Nissan (Japon), Kia (Corée du Sud), Hyundaï (Corée du Sud), Renault (France), Peugeot (France), Volkswagen (Allemagne), Citroën (France) et Fiat (Italie). Des importations superflues ? Les modèles concernés sont Renault Clio4, Peugeot 108, Citroën C1, Volkswagen Polo, Fiat Mobi, Kia Picanto, Nissan Note, Toyota Yaris, Hyundai i10, QQ Chery et Mutsibushi Mirage. Selon la Direction générale du commerce intérieur relevant du ministère du Commerce, plus de 10.000 personnes se sont déjà inscrites pour l'acquisition d'une voiture populaire. Mais les dossiers déjà présentés au cours des dernières années restent prioritaires. La priorité est, en effet, accordée en fonction de l'ancienneté de la demande. Les concessionnaires automobiles avaient cessé d'importer les voitures populaires en 2013, invoquant la faible marge bénéficiaire relative à ces voitures économiques. Cette marge bénéficiaire qui était naguère fixée à 500 dinars par unité a été portée à 1000 dinars par voiture sur la demande de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles. Ces derniers ont aussi exigé que les voitures populaires ne soient pas prises en considération lors de la détermination des quotas habituels d'importation de voitures, et obtenu gain de cause. La décision du ministère du Commerce de relancer le programme d'importations des voitures populaires soulève une volée de bois vert auprès de certains économistes partisans de l'orthodoxie budgétaire qui la jugent inopportune par ces temps de vaches maigres. Selon eux, il aurait été plus judicieux de renoncer aux importations superflues et de n'importer que les produits de première nécessité comme les médicaments et les équipements industriels pour limiter le déficit de la balance commerciale alors que l'économie nationale peine à remonter la pente et que le taux de change du dinar enregistre ses plus bas niveaux historiques face aux devises fortes, dont l'euro et le dollar américain. Du côté du ministère du Commerce, on assure, d'ailleurs, que la décision de poursuivre ou d'arrêter l'importation des voitures populaires durant les prochaines années dépendra de la conjoncture économique nationale et de la situation de la balance commerciale.