Parmi toutes les manifestations ramadanesques multiples et variées que le Club Tahar Haddad a programmées, il en est une, particulièrement originale, celle que Hatem Bourial nous a proposée. Il s'agit de narrer l'histoire d'un personnage venu des Pays- Bas au 17 ème siècle, Jean- Emile Humbert, ingénieur militaire et archéologue qui aura un rôle déterminant dans la découverte de notre patrimoine national. En préambule à un spectacle qui lui sera consacré, l'automne prochain, Hatem Bourial nous en a donné un extrait d'une intensité à couper le souffle. Dans la salle aux murs ocres, devant un public intéressé, Hatem Bourial a endossé le rôle de Jean-Emile Humbert, racontant, à la première personne, les exploits de ce personnage hors du commun. Un parcours singulier d'un féru des pierres et d'histoire qui a plongé dans la nôtre et déterré Carthage qui sommeillait sous terre, gardant, jalousement, ses secrets, ses trésors, ses mythes, ses dédales, ses lieux, ses statues, un pan d'histoire et non des moindres a vu le jour, bien longtemps après sa fondation, sa domination sur la Méditerranée, le temps de sa gloire. Un spectacle à deux voix, celle de Hatem Bourial racontant les péripéties de cette découverte, les tâtonnements, les interrogations, les hésitations, mais également l'euphorie du succès, quand les mains arrivent à extirper du sol les merveilles inestimables et celle de Khira Abassi, voix sortie des entrailles de cette terre, chantant la vie, l'amour, la tourmente. Entre les deux voix, l'histoire de Carthage se déploie, majestueusement. L'une raconte les faits, un voyage dans le temps, quête insoupçonnée d'un lieu qui fut le cœur du monde, sur les traces d'un passé lumineux, la palpitation de la découverte, la fièvre de l'attente, quand l'amoncellement de la terre semble infini et le moment indescriptible de la re-naissance, quand la terre livre ce qu'elle a, longtemps, gardé, intact et beau, La voix de l'artiste prend les accents du bonheur, de la déconvenue, de la fébrilité heureuse. Puis, elle invoque Khira de chanter la genèse de la terre promise et retrouvée grâce à la détermination, à la folie douce d'un bâtisseur de rêve. Quand la voix de Kheira Abassi jaillit, c'est le lieu qui en est transfiguré. Voix venue du tréfonds de nos racines, voix de cette terre qui renaît de ses cendres, qui rappelle que nos ancêtres ont fondé la cité rêvée que Hatem Bourial exhume avec mots et émotion et que Khira invoque de nous offrir le souffle sacré. Nous attendons impatiemment ce spectacle dans son intégralité, prochainement.